Mohamed Ould Meguett, membre du parti présidentiel Insaf, a été élu lundi 19 juin avec 137 voix contre 27, suscitant une vive controverse. Cet ancien militaire, qui a occupé les postes de directeur de la sécurité nationale et chef d’état-major général des armées en 2020, est accusé par l’opposition et les militants négro-mauritaniens d’avoir participé au massacre de soldats négro-mauritaniens dans l’armée entre 1988 et 1991, notamment à Inal dans l’ouest du pays.
Lors de son premier discours devant l’Assemblée nationale, Mohamed Ould Meguett a souligné le rôle essentiel des parlementaires dans le renforcement de la cohésion sociale. Il a insisté sur la lourde responsabilité qui pèse sur la conscience de chacun. Cependant, ces propos sont difficilement acceptés par le député d’opposition et militant négro-mauritanien, Biram Dah Abeid, pour qui cette élection ravive le traumatisme des communautés mauritaniennes d’ascendance africaine. Selon lui, il s’agit d’une position extrémiste qui va dans le sens de la provocation.
L’entourage de Mohamed Ould Meguett affirme qu’il n’a aucun lien avec les événements des années 1980, pour lesquels une amnistie a d’ailleurs été décrétée. Selon ses proches, Mohamed Ould Meguett était alors aux transmissions et non impliqué dans les massacres. Cependant, dans son livre intitulé “L’enfer d’Inal”, Sy Mamadou, rescapé de ces événements, affirme que Mohamed Ould Meguett était le chef des transmissions et qu’il était au courant de tout. Un ancien officier négro-mauritanien de l’époque confirme également ces accusations.
L’élection de Mohamed Ould Meguett à l’Assemblée nationale intervient quinze jours après les violentes émeutes qui ont secoué les grandes villes du pays, consécutives à la mort d’un jeune négro-mauritanien après son arrestation par la police à Nouakchott. Cette élection soulève de nombreuses questions sur la justice et la réconciliation en Mauritanie, ainsi que sur le respect des droits des communautés d’ascendance africaine dans le pays. Les débats et les tensions risquent de s’intensifier dans les prochains jours, alors que la polémique entourant le nouveau président de l’Assemblée nationale persiste.