Le Tchad, le dernier pays du Sahel à avoir des troupes françaises sur son sol, a annoncé qu’il mettait fin aux accords de sécurité et de défense avec la France. Cette décision a été annoncée juste après une visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Selon Abderaman Koulamallah, le ministre des Affaires étrangères du Tchad, cette décision a pour but de renforcer la souveraineté du pays. « Le Tchad a grandi et veut affirmer sa souveraineté », a-t-il expliqué sur la page Facebook du ministère.
Le Tchad était le dernier pays du Sahel où la France avait encore une présence militaire après le retrait de ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Depuis trois ans, Mahamat Idriss Déby Itno est à la tête du Tchad, après une période de transition qui s’est terminée en mai dernier avec son élection. Il a pris la relève de son père, Idriss Déby, qui a été tué en 2021. L’armée française avait aidé Idriss Déby à combattre des rebelles en 2008 et 2019.
Abderaman Koulamallah a précisé qu’il ne s’agissait pas d’une rupture complète avec la France, comme cela a été le cas au Niger, mais plutôt d’une redéfinition des relations sur des bases plus équitables. Le Tchad veut respecter les conditions prévues pour la résiliation de l’accord de défense, y compris le délai de préavis, mais n’a pas encore indiqué de date pour le retrait des troupes françaises. Le président Mahamat Idriss Déby Itno a déclaré qu’il était temps pour le Tchad de repenser ses partenariats stratégiques selon ses priorités nationales.
Jean-Noël Barrot était venu au Tchad principalement pour comprendre la crise humanitaire causée par la guerre au Soudan. Il s’est rendu dans des camps de réfugiés à Adré avec le ministre tchadien et a annoncé une aide de 7 millions d’euros pour soutenir les organisations humanitaires. Il a également demandé aux pays étrangers de cesser de soutenir les groupes armés soudanais en leur fournissant des armes, en visant particulièrement la Russie.
Cette annonce du Tchad intervient alors que le Sénégal envisage lui aussi de fermer les bases militaires françaises sur son territoire. De nombreux pays de la région cherchent de plus en plus à affirmer leur souveraineté et à redéfinir leurs relations avec la France. En France, un rapport remis au président Emmanuel Macron par Jean-Marie Bockel recommande de repenser la présence militaire française en Afrique avec un partenariat « renouvelé » et « construit ensemble », montrant un changement dans la manière dont la France souhaite coopérer avec ses partenaires africains.