Le président burundais Évariste Ndayishimiye, récemment nommé Envoyé spécial de l’Union africaine pour le Sahel, a tenu lundi soir un échange téléphonique avec le chef de la transition malienne, le général Assimi Goïta. Cette prise de contact constitue le premier geste concret de sa mission visant à rétablir un dialogue entre l’UA et les autorités de la Confédération des États du Sahel, actuellement suspendues de l’organisation continentale.
Dans un message publié à l’issue de l’échange, Évariste Ndayishimiye a qualifié la discussion de “fructueuse et conviviale”. Il a insisté sur le climat de “confiance mutuelle” ayant permis d’aborder les enjeux liés à la situation sécuritaire dans le Sahel. Aucun détail opérationnel n’a été dévoilé, mais ce premier contact vise à rouvrir une voie diplomatique directe avec un pouvoir de transition longtemps isolé.
La nomination de Ndayishimiye intervient dans un contexte de tensions entre l’Union africaine et les régimes de l’AES, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Tous trois ont été suspendus à la suite de coups d’État militaires. Leur exclusion du sommet de l’UA en février 2025 avait provoqué une vive réaction, ces États dénonçant une marginalisation politique. L’UA tente désormais de restaurer un minimum de dialogue pour éviter un isolement durable de cette zone stratégique.
Depuis sa prise de fonction à la tête de l’Union africaine, le président angolais João Lourenço a affiché sa volonté de rétablir les canaux de communication avec les dirigeants sahéliens. Il a déjà échangé début juillet avec le général Tiani au Niger et dépêché son ministre des Affaires étrangères, Tete António, en mission dans les trois capitales de l’AES. Pour l’Angola, la situation sécuritaire dans le Sahel représente une urgence continentale qui appelle une réponse politique coordonnée.
Le mandat confié à Évariste Ndayishimiye va au-delà de simples discussions bilatérales. Il implique des consultations avec les autorités de transition, les acteurs régionaux, la société civile et les partenaires internationaux. Objectif affiché : construire un consensus inclusif pour permettre un retour progressif à une stabilité durable dans la région. Il rejoint ainsi Mamadou Tangara, récemment nommé Représentant spécial de la Commission de l’UA pour le Mali et le Sahel, en poste à Bamako.
La posture active de l’Angola dans les crises africaines actuelles, qu’il s’agisse du Sahel ou de l’Est de la RDC, révèle une stratégie assumée. João Lourenço s’emploie à faire de son pays un acteur central de la diplomatie continentale. Le rôle de médiateur qu’il tente d’endosser, s’il se confirme dans les mois à venir, pourrait repositionner l’Union africaine face à des régimes qu’elle avait, jusqu’ici, contenus mais non convaincus.