En Corée du Nord, 187 800 personnes seraient en quarantaine du fait d’une fièvre et six personnes sont mortes dont l’une d’entre elle aurait été testée positive. Kim Jong-un a décidé le confinement de l’intégralité du pays, alors que le pays, sans vaccin et avec un système de santé très fragile, ne semble pas en mesure de faire face à une vague de grande ampleur.
En effectuant l’essai trois missiles balistiques de courte portée ce jeudi soir, la Corée du Nord semblait vouloir montrer que les affaires se poursuivaient comme d’habitude. Mais la première image de Kim Jong-un portant un masque et les centaines de milliers de cas de « fièvre suspecte » annoncé par le régime, dont 18 000 nouveaux en 24 h, démontrent la gravité de la situation.
D’autant que selon Cheong Seong-Chang, directeur de recherche à l’Institut Sejong, il se pourrait que la parade militaire du 25 avril ait été un élément déclencheur de la vague épidémique actuelle.
Alors que la situation épidémique en Chine était très sérieuse, le régime a organisé un large rassemblement sans que personne ne porte de masque. Le pays était trop confiant en sa capacité à résister à la pandémie.
Avec un système hospitalier extrêmement fragile, sans capacité de dépistage de grande ampleur, il sera impossible d’avoir une idée précise de la propagation du virus, et très compliqué pour le gouvernement de mettre en place des restrictions sanitaires efficaces, rapporte notre correspondant à Séoul, Nicolas Rocca.
Vague de sécheresse
Surtout que cette vague de fièvre arrive en pleine sécheresse et durant le repiquage du riz, période cruciale pour la sécurité alimentaire du pays. D’ailleurs, alors qu’à Pyongyang les habitants auraient reçu l’ordre de rentrer chez eux dès mardi, à la frontière avec le Sud, des paysans ont été vus ce jeudi en train de poursuivre leurs activités agricoles. Il semblerait que le régime veuille poursuivre les activités économiques aussi normalement que possible tout en limitant fortement une liberté de mouvement qui l’était déjà.
Désormais, les experts s’interrogent pour savoir si la Corée du Nord poursuivra avec ses essais de missiles ou passera même peut-être à l’étape supérieure avec un essai nucléaire. « Quand la situation est compliquée et que la population est déprimée le régime a besoin de quelque chose de sensationnelle pour stimuler le peuple » estime Cheong Seong-chang de l’Institut Sejong,
Une option pour le régime afin de « réveiller » la ferveur patriotique dans sa lutte contre le virus. D’autant que le moment est propice à une escalade des tensions : Joe Biden arrive à Séoul le 20 mai pour rencontrer le nouveau président sud-coréen Yoon Seok-yeol, partisan d’une ligne dure face à Pyongyang.
La Chine prête à aider son voisin du Nord
« En tant que camarade, voisine et amie », Pékin se dit prêt à apporter son soutien à la Corée du Nord dans son combat contre l’épidémie. Pyongyang, qui a sonné le confinement général face au variant Omicron BA.2, s’est en réalité, depuis le début de la pandémie de Covid-19, refermée comme une huître.
Un véritable rideau de fer, après avoir refusé les offres de dons de vaccins de Pékin, Moscou et de l’OMS. Au sud, la frontière avec la république de Corée est hermétiquement fermée depuis l’arrêt de la zone industrielle intercoréenne de Kaesong. Idem sur les 19 km longeant la Russie, par lesquels les diplomates russes sont sortis sur un chariot ferroviaire pendant l’hiver 2021, des images qui avaient fait le tour du monde, rappelle notre correspondant à Pékin Stéphane Lagarde. Reste la Chine où les fleuves Yalu et Tumen sont les seules poches de respiration d’une économie nord-coréenne en autarcie. Les camions et les trains de fret ont repris leurs allers et retours il y a un an.
Sauf que depuis le début de cette année, la région du Dongbei, au nord-est chinois, et en particulier la préfecture autonome de Yanbian, est frappée de plein fouet par la résurgence de cas de Covid-19. Le 30 avril dernier, première alerte : la Chine et la Corée du Nord suspendent les passages entre les deux pays par craintes d’une propagation du virus.
Ce jeudi, le porte-parole de la diplomatie chinoise ne précise pas qu’elle pourrait être l’aide apportée : vêtements et masques de protections, tests nucléiques ou encore personnels soignants ? La Corée du Nord n’a officiellement effectué qu’un peu plus de 13 000 tests PCR en 2020.