À moins de neuf mois de l’élection présidentielle au Cameroun, le député Cabral Libii, qui s’est déjà porté candidat pour 2025, fait face à une crise interne au sein de son parti, le PCRN. Alors qu’il avait annoncé sa candidature plusieurs mois auparavant, sa position de leader du parti est désormais contestée par l’un des fondateurs du PCRN, Robert Kona, qui a publiquement exprimé son soutien à Paul Biya, le président sortant. Cette situation soulève une question cruciale : un même parti peut-il soutenir deux candidats distincts lors d’une même élection, comme le prévoit la loi électorale camerounaise ?
Le 31 janvier 2025, Robert Kona, accompagné de nombreux journalistes, a officialisé son soutien à Paul Biya au ministère de l’Administration territoriale. Cette déclaration a exacerbé le conflit de leadership au sein du PCRN, un différend qui oppose depuis plusieurs mois Kona et Libii. Ce dernier a, à plusieurs reprises, revendiqué la présidence du parti. Bien que la justice se soit prononcée en faveur de Libii en septembre 2024, la situation demeure complexe. Les partisans de Libii affirment que cette division interne est alimentée par des forces extérieures, notamment le ministère de l’Administration territoriale, qui aurait pour objectif de neutraliser la candidature du jeune leader.
Le Cameroun, où Paul Biya est au pouvoir depuis plus de 40 ans, connaît un climat politique tendu à l’approche des élections. Les partis d’opposition, comme le PCRN, doivent faire face à des pressions multiples, y compris de la part des autorités étatiques, qui surveillent de près les mouvements politiques. La loi électorale camerounaise interdit à un même parti de soutenir simultanément plusieurs candidats à une élection présidentielle, une contrainte qui fragilise davantage la position de Cabral Libii, malgré son annonce de candidature.
Alors que la division au sein du PCRN semble irréconciliable, les perspectives à venir sont encore floues. L’avenir de la candidature de Cabral Libii pourrait être scellé par un arbitrage du ministère de l’Administration territoriale ou par une nouvelle décision judiciaire. Le politologue Éric Mathias Owona Nguini estime que la candidature de Libii pourrait être invalidée en raison de l’irrespect des règles internes du parti. Cependant, cette issue n’est pas encore actée, et les tensions au sein du PCRN risquent de perdurer.
Malgré la montée de l’opposition interne et la menace d’une invalidation de sa candidature, les partisans de Cabral Libii restent fermes dans leur soutien. Anne Féconde Noah, vice-présidente du PCRN et porte-parole de Libii, a affirmé que la candidature du leader est incontestable au sein du parti et que le travail de terrain continue sans relâche pour assurer la victoire de Libii en octobre 2025. De son côté, le camp favorable à Libii refuse de voir la situation comme une défaite et continue à se battre pour défendre la légitimité de son candidat.
Dans l’attente d’une décision officielle du ministère de l’Administration territoriale ou d’une nouvelle prise de position de la justice, le PCRN semble plongé dans une période d’incertitude. Les deux camps, celui des partisans de Cabral Libii et celui de Robert Kona, continuent de revendiquer leur légitimité, renforçant ainsi la confusion ambiante. L’issue de cette crise interne aura des répercussions importantes sur la dynamique politique du pays à l’approche de la présidentielle.