Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par Sébastien Dano Djédjé, a confirmé lundi la candidature de Laurent Gbagbo à la présidentielle d’octobre 2025. Le dossier de l’ancien chef d’État a été déposé auprès de la Commission électorale indépendante (CEI). Comme pour tous les prétendants, la validation définitive de sa candidature dépendra du Conseil constitutionnel, attendu en septembre.
Ce dépôt officialise le choix de Gbagbo comme porte-étendard de son parti, malgré les obstacles judiciaires qui l’ont écarté de la liste électorale par le passé. Sa radiation faisait suite à une condamnation pour le braquage de l’agence nationale de la BCEAO à Abidjan, une affaire remontant à la crise post-électorale. Sa présence dans la course traduit la volonté du PPA-CI de replacer son fondateur au cœur de l’arène politique ivoirienne.
Historien et syndicaliste avant d’entrer en politique, Laurent Gbagbo a bâti sa carrière sur la contestation. Emprisonné dans les années 1980 pour ses activités militantes, il accède à la présidence en 2000 et s’impose comme l’un des principaux détracteurs de l’influence française en Afrique. Son refus de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection de 2010 a déclenché une crise sanglante. Capturé en 2011 grâce au soutien militaire français à Ouattara, il sera transféré à La Haye pour répondre de crimes contre l’humanité, avant d’être acquitté faute de preuves.
La candidature de Gbagbo, aujourd’hui âgé de 80 ans, relance la question de la recomposition politique en Côte d’Ivoire. Le scrutin d’octobre pourrait voir s’affronter à nouveau les figures historiques du pays, notamment Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, si leurs partis respectifs choisissent de miser sur l’expérience. L’éventualité d’un duel Gbagbo-Ouattara, plus de dix ans après leur confrontation meurtrière, nourrit déjà les spéculations.
Revenu en Côte d’Ivoire en 2021 après dix années d’exil, Gbagbo conserve une base militante fidèle, notamment dans l’ouest du pays. Mais son avenir politique reste suspendu aux décisions judiciaires et institutionnelles. Sa condamnation symbolique à 20 ans de prison pour le dossier BCEAO, bien qu’atténuée par une grâce présidentielle, pourrait encore peser sur la légitimité de sa candidature. À cela s’ajoute la méfiance d’une partie de la société civile, qui redoute une résurgence des clivages violents des années 2000.