De retour d’un séjour officiel en France, le président ivoirien Alassane Ouattara a atterri à Abidjan ce 16 juillet 2025, accueilli par les plus hautes autorités de l’État. Ce déplacement à Paris, marqué par un déjeuner de travail avec Emmanuel Macron à l’Élysée, portait sur les relations bilatérales et les enjeux régionaux. Mais en Côte d’Ivoire, l’attention reste focalisée sur une seule question : Ouattara sera-t-il candidat à sa propre succession en octobre prochain ?
Désigné candidat du RHDP lors du congrès électif du 22 juin, Ouattara entretient le flou sur ses intentions. À moins de 100 jours de l’élection présidentielle prévue pour le 25 octobre, l’actuel chef de l’État n’a toujours pas confirmé s’il comptait briguer un nouveau mandat. Pourtant, le processus de parrainage, une étape obligatoire pour les prétendants à la magistrature suprême, est en cours depuis le 1er juillet et doit s’achever le 26 août. Les dossiers de candidature seront quant à eux réceptionnés par la Commission électorale indépendante (CEI) à partir du 25 juillet.
Ce retour intervient alors que le paysage politique ivoirien reste fragmenté. Plusieurs figures majeures de l’opposition, dont Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé et Noël Akossi Bendjo, sont toujours absentes de la liste électorale. Leur exclusion suscite de vives critiques et alimente les tensions. L’opposition réclame un geste fort du président en faveur de leur réintégration, condition selon elle d’un scrutin crédible et inclusif.
Si Alassane Ouattara décidait de se représenter, il entrerait en campagne dans un climat politique polarisé, où la légitimité du processus électoral serait fortement débattue. En revanche, un renoncement ouvrirait une période d’incertitude au sein du RHDP, qui devrait alors désigner un nouveau porte-étendard à quelques semaines du dépôt des candidatures. Le choix du président, attendu dans les prochains jours, pourrait redessiner les rapports de force à la fois dans la majorité et dans l’opposition.
Le déjeuner de travail avec Emmanuel Macron n’était pas anodin. La France, partenaire historique de la Côte d’Ivoire, suit de près l’évolution politique dans le pays. Dans ce contexte, ce tête-à-tête pourrait avoir permis à Ouattara de sonder ses soutiens internationaux, ou de préparer le terrain pour un éventuel passage de relais. Mais sans déclaration officielle, toutes les hypothèses restent ouvertes.
La Côte d’Ivoire entre dans une phase électorale décisive, où chaque geste du président sortant est scruté. Entre attentes internes, pressions internationales et enjeux de stabilité régionale, le positionnement d’Alassane Ouattara pèsera lourd dans la suite des événements. Le pays retient son souffle.