Huit partis politiques d’opposition au Congo-Brazzaville ont annoncé, samedi 31 mai, la création d’un nouveau front commun : le Rassemblement des Forces du changement (RFC). Parmi eux, des figures connues comme Clément Miérassa (PSDC), Jean-Jacques Serge Yhomby Opango (RDD) ou Dave Mafoula. Cette coalition vise à présenter une alternative politique crédible en vue de l’élection présidentielle prévue en 2026.
L’annonce a été marquée par un geste symbolique fort. À genoux, devant la presse et ses pairs, Clément Miérassa a demandé pardon au peuple congolais, reconnaissant les échecs passés de l’opposition, accusée de duplicité avec le pouvoir. Il a promis une nouvelle posture : « Nous n’allons pas reculer », a-t-il insisté, appelant à un changement « effectif » lors du prochain scrutin. Le ton est à la reconquête, autant politique que morale.
Cette initiative survient dans un contexte politique marqué par la longévité au pouvoir de Denis Sassou Nguesso, président sans discontinuité depuis 1997, après un premier passage dans les années 1980. Faute d’alternance et avec une opposition souvent divisée ou cooptée, la scène politique congolaise tourne en rond. Les élections passées se sont soldées par des victoires écrasantes du pouvoir, souvent contestées mais jamais remises en cause.
Pour l’heure, le RFC n’a ni désigné ses organes dirigeants ni défini de stratégie électorale claire. Le rassemblement reste donc fragile, encore au stade déclaratif. Les prochaines semaines seront décisives pour savoir si cette alliance peut se structurer durablement et convaincre au-delà du cercle militant. À ce stade, l’absence d’un programme commun ou d’un leader consensuel pourrait fragiliser cette tentative d’unité.
Jean-Jacques Yhomby Opango affirme que ce front est né de la vacuité politique actuelle. « En face, il n’y a rien », dit-il, pointant la démobilisation générale. Le RFC veut combler ce vide. Mais dans un pays où l’appareil d’État est solidement contrôlé, transformer ce « ras-le-bol » en force politique réelle nécessitera bien plus qu’un appel à l’union. Il faudra convaincre une population désabusée et contourner un système électoral verrouillé.
Sans structures, sans stratégie et sans figure rassembleuse, le RFC avance à tâtons. Pourtant, le ton adopté, mêlant mea culpa et discours de rupture, marque une inflexion notable. Ce sursaut de lucidité pourrait, s’il s’accompagne d’actes concrets, remettre en mouvement une opposition jusqu’ici marginalisée. Reste à savoir si cette dynamique survivra aux épreuves internes et à la répression du pouvoir.