Paul Biya a officialisé ce 13 juillet sa candidature à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Âgé de 92 ans, au pouvoir depuis 1982, le chef de l’État camerounais entend rempiler pour un huitième mandat consécutif. L’annonce, faite sur le réseau X, marque une volonté affichée de continuer à gouverner malgré les appels au retrait.
Sans passer par les canaux habituels de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Paul Biya a publié un message solennel accompagné de son portrait, affirmant sa détermination à servir le pays face aux « défis aigus » qu’il traverse. Il justifie sa candidature par des « appels pressants » venus des dix régions et de la diaspora, assurant que « beaucoup reste à faire » malgré des résultats qu’il juge « visibles et appréciables ». L’absence de consultation du bureau politique ou du comité central du RDPC surprend dans un contexte politique où les annonces sont traditionnellement très encadrées.
Le retour de Biya dans la course électorale se fait dans un contexte de tensions au sein de la majorité présidentielle. Plusieurs figures historiques de son camp ont récemment pris leur distance, voire annoncé leur propre candidature : Issa Tchiroma Bakary, ex-ministre de l’Emploi, ou encore Bello Bouba Maïgari, ex-Premier ministre et chef de l’UNDP, jusque-là allié fidèle. À l’inverse, certains partis comme l’ANDP et le MDR ont réaffirmé leur loyauté au président sortant, comme le souligne Cameroon Tribune. Le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, a récemment organisé des concertations avec les représentants des régions pour consolider les soutiens.
Je suis candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.
Soyez assurés que ma détermination à vous servir est à la mesure de l’acuité des défis auxquels nous sommes confrontés.
Ensemble, il n’est pas de défis que nous ne puissions surmonter.#Biya2025#PaulBiya#Cameroun pic.twitter.com/iPbvX566Ei— President Paul BIYA (@PR_Paul_BIYA) July 13, 2025
À quelques mois du scrutin, la candidature de Paul Biya ravive les débats sur la transition politique au Cameroun. Son âge avancé et la longévité de son règne posent la question de la relève. Le doute avait été entretenu jusqu’au bout, y compris par le ministre de la Communication René-Emmanuel Sadi, qui, dans une interview à RFI, évoquait une « surprise » possible. Mais en se déclarant sans médiation, Biya semble vouloir reprendre la main et écarter toute spéculation sur une transmission du pouvoir.
Face au président sortant, plusieurs figures de l’opposition ont déjà annoncé leur intention de concourir. Maurice Kamto, arrivé en deuxième position en 2018, espère prendre sa revanche dans les urnes. Cabral Libii, autre figure montante de l’opposition, est également dans la course. Les prétendants ont jusqu’au 21 juillet pour déposer officiellement leur dossier, conformément au décret présidentiel publié le 11 juillet.
La présidentielle d’octobre s’annonce décisive. Elle pourrait soit prolonger un statu quo institutionnel vieux de plus de quatre décennies, soit ouvrir une phase de recomposition politique inédite. Le maintien de Paul Biya à la tête du pays pourrait renforcer les dynamiques d’immobilisme au sein de l’appareil d’État, tandis qu’une alternance représenterait un tournant historique. Dans un contexte régional marqué par des transitions autoritaires et des coups d’État militaires, le Cameroun joue une partie d’équilibre délicate.