Le Conseil constitutionnel camerounais a rejeté, le 22 août à Yaoundé, la demande d’invalidation de la candidature de Paul Biya à l’élection présidentielle prévue le 7 octobre 2024. L’opposant Akere Muna, qui contestait la légitimité du chef de l’État, a vu sa requête jugée « non justifiée » après deux heures d’audience. Le président sortant, âgé de 92 ans, pourra donc briguer un nouveau mandat.
Akere Muna, lui-même candidat, avait tenté de démontrer que Paul Biya n’exerçait plus pleinement ses fonctions présidentielles. Il a dénoncé à la barre une « dépendance organisée », accusant l’entourage présidentiel de gouverner à la place du chef de l’État. L’ancien bâtonnier a ciblé directement la première dame, Chantal Biya, ainsi que Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, qui dispose depuis 2019 d’une délégation permanente de signature.
Le gouvernement et les avocats du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) ont balayé ces accusations. Ils ont rappelé que la délégation de signature accordée au secrétaire général est prévue par la Constitution et relève du fonctionnement ordinaire de l’administration. Ils ont en outre contesté la valeur des preuves présentées par Akere Muna, essentiellement des coupures de presse et une vidéo, jugées insuffisantes pour prouver l’inéligibilité du chef de l’État.
En suivant les arguments de la défense, le Conseil constitutionnel a confirmé la validité de la candidature de Paul Biya. Ce verdict n’a surpris personne : depuis sa création en 1996, l’institution n’a jamais invalidé une candidature présidentielle. Son rôle, souvent perçu comme aligné sur les intérêts du pouvoir, limite de facto les marges de manœuvre de l’opposition.
Cette décision intervient dans un climat politique marqué par une opposition divisée et affaiblie, incapable de constituer un front commun face au RDPC. Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, reste maître du jeu, malgré les critiques sur son âge avancé et sur son absence répétée de la scène publique. Le système institutionnel, solidement verrouillé, continue de lui offrir un avantage décisif.
Avec cette validation, la campagne électorale s’ouvrira sur un scénario désormais familier : un président sortant donné favori face à une opposition fragmentée et marginalisée. L’enjeu majeur réside moins dans le résultat du scrutin que dans le taux de participation et dans la capacité des Camerounais à exprimer, malgré les obstacles, une contestation politique par les urnes.