Le conseil électoral camerounais (Élécam) a rejeté samedi 26 juillet la candidature de Maurice Kamto à l’élection présidentielle du 12 octobre, invoquant la présence d’un second candidat, Dieudonné Yebga, se réclamant également de son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Manidem). Cette décision écarte de facto le principal opposant au président sortant Paul Biya, candidat à un huitième mandat.
La disqualification s’appuie sur l’impossibilité légale d’une double candidature au sein d’une même formation politique. Dieudonné Yebga, présenté par Élécam comme l’autre prétendant investi par le Manidem, aurait ainsi créé une situation de conflit interne empêchant la validation de la candidature de Maurice Kamto. Cette procédure, bien que formellement respectueuse du cadre électoral, soulève de nombreuses interrogations sur les circonstances ayant conduit à cette double investiture.
Maurice Kamto, figure emblématique de l’opposition camerounaise, avait déjà contesté les résultats de la présidentielle de 2018 face à Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. Son parti, le Manidem, représente aujourd’hui la principale force d’opposition capable de défier le parti au pouvoir. Dans un contexte où les espaces démocratiques se réduisent au Cameroun, l’éviction de Kamto constitue un tournant majeur pour le paysage politique national et prive l’élection de son principal challenger.
Des enregistrements audio viraux, bien que non authentifiés, accréditent la thèse d’une manoeuvre orchestrée. Dans ces conversations téléphoniques diffusées massivement sur les réseaux sociaux, Dieudonné Yebga expliquerait les motivations de sa candidature parallèle, évoquant des frustrations personnelles et contestent le leadership d’Anicet Ekane, président du Manidem. Il fait également allusion à des manipulations informatiques sur le site du ministère de l’Administration territoriale où sont stockées les données des partis politiques.
Ces révélations, même non vérifiées, suffisent à alimenter les soupçons d’une partie de l’opinion publique camerounaise qui y voit une stratégie délibérée pour neutraliser Maurice Kamto. La viralité de ces enregistrements témoigne de la défiance croissante envers les institutions électorales et de la polarisation politique qui traverse le pays.
Face à cette polémique grandissante, un silence assourdissant règne du côté des principaux concernés. Ni le ministère de l’Administration territoriale, ni le Manidem, ni Maurice Kamto lui-même n’ont encore réagi officiellement à ces accusations. Cette absence de réaction nourrit davantage les interrogations sur la régularité du processus électoral et risque d’entacher la crédibilité du scrutin d’octobre.