À six mois de la présidentielle prévue pour le 25 octobre 2025, l’ONU intensifie ses efforts pour garantir un climat de paix et de démocratie en Côte d’Ivoire. Du 17 au 19 avril, Leonardo Santos Simão, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, a effectué une mission de 48 heures à Abidjan. Son objectif : renforcer le partenariat avec le pays et réaffirmer le soutien international à la consolidation de la paix et de la démocratie, alors que le pays se prépare pour un nouveau cycle électoral.
Au cours de cette visite, Leonardo Santos Simão a rencontré les principaux acteurs du processus électoral. Il a d’abord échangé avec le président Alassane Ouattara, avant de dialoguer avec les responsables de la Commission électorale indépendante (CEI) et de rencontrer les forces politiques de l’opposition. Bien que les échanges aient eu lieu dans un cadre diplomatique, les préoccupations demeurent vives parmi les partis d’opposition. Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo et la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (Cap-Côte d’Ivoire), qui regroupe le PDCI-RDA, le FPI et le MGC, appellent à une nouvelle révision de la liste électorale, à une réforme de la CEI, et à la reprise du dialogue politique.
Cette situation survient dans un contexte politique complexe, marqué par des tensions post-électorales persistantes depuis la crise de 2010-2011. Les élections de 2020 avaient déjà révélé des fissures profondes entre le pouvoir et l’opposition, ce qui a conduit à des boycotts et à des accusations de fraude électorale. Ces tensions, alimentées par une part d’héritage politique, ne semblent pas s’être apaisées, et la crainte d’un retour aux violences électorales plane à nouveau sur le pays. L’appel de l’ONU à un dialogue inclusif vise à prévenir tout dérapage.
Lors de sa visite, Leonardo Santos Simão a exhorté à un apaisement des tensions, incitant les Ivoiriens à œuvrer pour des élections pacifiques et transparentes. Toutefois, cet appel est jugé symbolique par certains analystes politiques. L’ONU, bien qu’étant un acteur de médiation respecté, ne dispose pas de leviers concrets pour imposer des réformes ou influer sur la conduite du scrutin. En l’absence de sanctions réelles ou de mécanismes de pression, son rôle se limite principalement à un soutien moral et diplomatique.
La Commission électorale indépendante (CEI) fait l’objet de vives critiques, notamment de la part du PDCI et du PPA-CI, qui ont suspendu leur participation en raison de l’absence d’un équilibre politique au sein de l’institution. Ces partis considèrent que la CEI, actuellement dominée par des membres proches du pouvoir, n’est pas en mesure d’organiser un scrutin équitable. Cette situation génère des doutes sur la crédibilité du processus électoral et sur la possibilité d’un véritable consensus national avant la présidentielle d’octobre.
Les mois à venir seront cruciaux pour la Côte d’Ivoire. Si le dialogue politique ne reprend pas de manière substantielle et si les réformes nécessaires ne sont pas mises en œuvre, le pays pourrait se retrouver face à des élections marquées par des contestations et des tensions, avec des conséquences potentiellement graves pour la stabilité du pays. Les appels à un dialogue inclusif, et à une réforme véritable de la CEI, seront au cœur des débats dans les mois qui précèdent la présidentielle. Il reste à voir si le gouvernement et l’opposition parviendront à dépasser leurs divergences pour garantir des élections transparentes et pacifiques.