L’opposant ougandais Bobi Wine a tenu un meeting de campagne mardi 25 novembre dans son bastion de Mukono, en périphérie de Kampala, affirmant sa détermination à déloger le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis près de quarante ans. Ce rassemblement intervient à un mois du scrutin présidentiel du 15 janvier 2026, qui s’annonce comme une nouvelle confrontation hautement symbolique entre l’ancien chanteur devenu homme politique et le vétéran de la scène politique ougandaise.
L’accueil réservé à Bobi Wine à Mukono témoigne de sa popularité persistante dans cette circonscription où il avait obtenu plus de 70% des voix lors de la présidentielle de 2021. Le candidat a été accueilli par un cortège de plusieurs centaines de moto-taxis et une foule enthousiaste vêtue de rouge, couleur de son parti, la Plateforme de l’unité nationale. Malgré quelques dispersions par gaz lacrymogènes rapportées durant le cortège, l’ambiance est restée déterminée parmi ses partisans.
Ce meeting s’inscrit dans un contexte politique marqué par l’emprise durable de Yoweri Museveni sur le pays depuis 1986. Le scrutin de janvier 2026 représente le quatrième face-à-face électoral entre les deux hommes, dans un pays où la perspective d’une alternance démocratique reste entravée par un pouvoir souvent accusé de recourir à des méthodes autoritaires pour se maintenir. Les précédentes élections ont été émaillées de violences, d’arrestations d’opposants et de contestations sur leur régularité.
La campagne à venir s’annonce tendue, avec des enjeux cruciaux pour l’avenir du pays. Les observateurs anticipent une mobilisation importante de l’électorat jeune, particulièrement sensible au discours de Bobi Wine, mais aussi un possible durcissement des méthodes du pouvoir en place pour contrôler le processus électoral. Les résultats détermineront si l’Ouganda poursuit sur la voie tracée par Museveni ou s’engage dans une transition politique inédite.
Les témoignages recueillis parmi les supporters de Bobi Wine à Mukono reflètent un profond désir de changement. Najibu Were, 24 ans, résume cet état d’esprit : “Bobi Wine connaît la vie du ghetto. Il sait comment on souffre. Museveni, lui, ne sait pas : il est au pouvoir depuis 40 ans, et rien n’a changé”. Margaret Nattabi, une jeune élue locale, ajoute : “J’ai un diplôme en science de l’agriculture mais je ne parviens à trouver du travail nulle part. J’espère que cette élection va amener le changement dont on a désespérément besoin”.
La détermination des partisans de l’opposition semble renforcée par les difficultés rencontrées. Arnold Lukwago, militant de 27 ans, affirme : “Tout cela ne peut pas nous arrêter car on se bat pour un nouvel Ouganda. Nous ne sommes pas intimidés, et nous sommes prêts pour le changement”. Cet engagement persistant malgré les pressions suggère que la campagne de 2026 pourrait reproduire, voire intensifier, les fortes tensions politiques qui ont marqué les précédents scrutins.



