Pour la troisième nuit consécutive, les rues de la capitale libyenne, Tripoli, sont le théâtre de protestations intenses. Les manifestants expriment leur mécontentement face à la récente rencontre diplomatique qui a eu lieu à Rome entre la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, et son homologue israélien, Elie Cohen.
Les manifestations ont pris une tournure plus intense alors que les manifestants ont coupé des routes en brûlant des pneus pour faire entendre leurs revendications. Leur principal appel est la démission du gouvernement actuel. Cette pression populaire a déjà eu des conséquences au sommet du pouvoir, puisque le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, a révoqué la ministre des Affaires étrangères de ses fonctions. Toutefois, cette décision n’a pas réussi à apaiser le mécontentement, qui semble se propager dans différentes sphères du gouvernement.
La colère suscitée par la rencontre diplomatique ne se limite pas au niveau populaire. Le Parlement libyen basé à Tobrouk, dans l’est du pays, a convoqué une session d’urgence et a appelé le procureur général de Tripoli à enquêter sur le rôle du Premier ministre dans cette affaire. De plus, le Haut-Conseil de l’État a discuté de la possibilité d’interdire toute candidature électorale pour ceux impliqués dans l’organisation de cette rencontre diplomatique controversée.
Le mécontentement s’étend également à travers des communiqués et des tribunes. L’Union des révolutionnaires, basée à Misrata, la ville d’origine du Premier ministre, a publiquement exprimé son rejet envers un gouvernement perçu comme obéissant à des intérêts étrangers. Par ailleurs, 26 personnalités ont signé une tribune appelant le procureur général à initier une enquête. Ils soulignent que la normalisation avec Israël est considérée comme un crime en Libye et est passible de sanctions légales.
En réponse aux critiques, la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, a fait valoir qu’elle avait agi sur la demande du Premier ministre lui-même et qu’elle possédait des documents à l’appui de sa position. Cette déclaration vise à écarter les accusations visant à la faire porter seule la responsabilité de la rencontre controversée. La situation reste tendue alors que les appels à la démission et les manifestations persistent dans les rues de Tripoli.