La région de Québec s’apprête à connaître un recul inédit de sa population migrante entre 2025 et 2027. Pour la première fois, le solde migratoire international y sera négatif, conséquence directe du plafonnement des seuils d’immigration décidé par Ottawa. Selon un rapport du Conference Board du Canada, cette mesure va ralentir la croissance démographique régionale, qui passera de 2,5 % en 2024 à seulement 0,7 % en 2025, puis chutera à 0,2 % en moyenne jusqu’en 2029.
Le rapport publié ce mercredi par le Conference Board du Canada tire la sonnette d’alarme : entre 2025 et 2027, Québec enregistrera une baisse nette d’environ 3 190 personnes due à la migration internationale. Ce recul n’est pas anodin. Il marque une rupture par rapport à la tendance observée depuis des décennies, où la région bénéficiait constamment de l’apport de nouveaux arrivants. Le retour à une croissance positive ne devrait se produire qu’à partir de 2027, avec un solde migratoire estimé à 2 900 personnes d’ici 2029.
Ce ralentissement est en grande partie lié à la décision du gouvernement fédéral de resserrer les seuils d’immigration permanente. S’y ajoute la volonté du gouvernement Legault de réduire le nombre d’immigrants accueillis au Québec, en ciblant particulièrement les grandes agglomérations comme Montréal et Laval. Même si Québec est moins directement visée, ces politiques restrictives ont un impact général sur l’ensemble du territoire québécois en réduisant les flux migratoires disponibles.
Le Conference Board du Canada souligne que cette baisse démographique aura des conséquences immédiates sur le marché du travail. Avec une population active qui peine déjà à se renouveler, la région de Québec pourrait faire face à une pénurie de main-d’œuvre plus aiguë. Le taux de chômage, déjà parmi les plus faibles au pays, est estimé à 3,1 % en 2025, avant de se stabiliser autour de 3 % en 2029. Une situation qui pourrait accentuer les tensions dans plusieurs secteurs économiques.
Ce coup de frein démographique soulève des questions plus larges sur la capacité de Québec à maintenir son dynamisme économique. Sans un apport régulier de nouveaux arrivants, la région risque d’entrer dans un cycle de stagnation. Au-delà des choix politiques à court terme, c’est la durabilité du modèle québécois d’accueil et d’intégration des migrants qui est en jeu. Pour plusieurs observateurs, une réflexion de fond s’impose sur l’équilibre entre besoins économiques, pressions sociales et capacité d’accueil.