En République démocratique du Congo, l’ancien président Joseph Kabila et son ancien opposant Moïse Katumbi se sont rencontrés le 18 décembre 2024 à Addis-Abeba, en Éthiopie. Ce tête-à-tête, officialisé par un communiqué commun huit jours plus tard, suscite de nombreuses interrogations quant aux intentions politiques des deux figures. Selon l’entourage de Martin Fayulu, une autre figure de l’opposition congolaise, celui-ci aurait également été invité à cette réunion tripartite, mais aurait décliné l’invitation.
Dans leur communiqué, Joseph Kabila et Moïse Katumbi dénoncent la crise sécuritaire et politique qui fragilise la RDC. Ils appellent à « la paix et l’unité nationale » tout en exhortant les Congolais à « résister activement » face à une révision constitutionnelle, envisagée par le pouvoir en place, qui menace selon eux de déstabiliser les acquis démocratiques. Ce texte, signé par un proche de Katumbi, Olivier Kamitatu, plaide également pour un respect accru des droits fondamentaux et la préservation de l’État de droit.
Cette rencontre survient dans un climat de tensions politiques marqué par une opposition fragmentée. Lors de la présidentielle de décembre 2023, les principaux leaders n’avaient pas réussi à s’unir pour présenter un candidat unique. Bien que certains partis, tels que le PPRD de Kabila, Ensemble de Katumbi et Écidé de Fayulu, aient signé un communiqué commun contre la révision constitutionnelle, d’autres figures, comme Delly Sesanga et Denis Mukwege, mènent des actions en solo, rendant toute alliance globale encore incertaine.
Si une union totale de l’opposition semble encore lointaine, des discussions en coulisses se poursuivent. La perspective d’une alliance entre Kabila, Katumbi et Fayulu reste floue, d’autant que Fayulu et Kabila ont souvent été en désaccord par le passé. Toutefois, leur opposition commune à une révision de la Constitution pourrait constituer un terrain de rapprochement. L’entourage de Fayulu reconnaît même qu’une rencontre future, facilitée par Katumbi, n’est pas à exclure.
Le choix de l’Éthiopie pour cette rencontre n’est pas anodin. Joseph Kabila, qui se rend rarement en Europe, privilégie les échanges sur le continent africain. Initialement prévue avec la participation d’un médiateur panafricain ou d’un ancien chef d’État, la réunion s’est finalement tenue à deux, marquant néanmoins une étape symbolique pour Kabila, absent de la scène politique depuis juin 2023. À Addis-Abeba, il aurait également échangé avec Claudel Lubaya, un opposant en exil depuis les élections générales.
Cette réapparition de Kabila alimente les spéculations sur un éventuel retour actif dans la politique congolaise. Moïse Katumbi, de son côté, semble vouloir consolider son rôle de fédérateur au sein de l’opposition. Dans un pays confronté à des crises multiples, ces rapprochements ponctuels pourraient influencer le paysage politique à l’approche des échéances futures. Reste à savoir si ces initiatives aboutiront à une alliance durable ou si elles resteront de simples gestes symboliques.