Depuis plusieurs mois, le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, a pris le contrôle d’une grande partie de l’exploitation minière au Nord-Kivu. En avril 2024, il s’est emparé de la mine de Rubaya, qui est la plus grande mine de coltan dans la région des Grands Lacs. En réaction, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a demandé à l’ONU de prendre des sanctions, notamment un embargo total sur les exportations de coltan et d’or en provenance du Rwanda.
Le M23 continue d’étendre son emprise sur les mines de l’est de la RDC. La prise de la mine de Rubaya lui donne accès à environ 15 % de la production mondiale de coltan, un minerai essentiel pour fabriquer des composants électroniques comme ceux des téléphones portables et des ordinateurs. En contrôlant cette ressource, le groupe rebelle renforce son pouvoir et finance ses activités militaires.
Un rapport des Nations unies, publié en janvier 2025, explique comment le M23 a mis en place une véritable administration parallèle. Il délivre des permis aux mineurs, impose des taxes et contrôle les ventes du coltan. Seuls les acheteurs approuvés par le M23 peuvent acheter le minerai. De plus, il contrôle toute la route qui relie la zone minière à la frontière rwandaise, où le coltan congolais est mélangé à celui du Rwanda avant d’être exporté illégalement.
Les experts de l’ONU estiment que cette situation représente la plus grande fraude sur les minerais « 3T » (étain, tantale et tungstène) en dix ans. Chaque mois, environ 120 tonnes de coltan congolais sont exploitées sous le contrôle du M23, ce qui lui rapporte environ 800 000 dollars en taxes et paiements. En parallèle, la province du Nord-Kivu perd environ 7 millions de dollars par mois à cause de ce commerce illégal.
La prise de contrôle des mines par le M23 accentue les tensions diplomatiques entre la RDC et le Rwanda, que Kinshasa accuse d’aider les rebelles. Ce commerce illégal de minerais alimente les conflits et ralentit les efforts de paix et de stabilisation dans la région. Pour répondre à cette crise, la RDC cherche un soutien international afin de mieux tracer l’origine des minerais et limiter leur exploitation illicite.
Plusieurs pistes sont étudiées pour affaiblir le contrôle du M23 sur l’exploitation du coltan. Parmi elles, l’ONU et la communauté internationale pourraient renforcer les sanctions contre le commerce illégal des minerais et améliorer la surveillance des exportations. De plus, une coopération plus étroite entre la RDC et ses partenaires pourrait aider à réduire le trafic de coltan et à empêcher que ces revenus ne financent les groupes armés. Cependant, l’efficacité de ces mesures dépendra de la volonté des gouvernements et des acteurs internationaux à s’engager pour mettre fin à ce commerce illégal.