Le 3 mars 2025, des responsables religieux de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) ont poursuivi leurs consultations pour trouver une issue au conflit qui déchire l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Après des échanges avec le président ougandais Yoweri Museveni, ils ont rencontré Thomas Lubanga, ancien chef de guerre et figure controversée, à Kampala. La rencontre vise à éviter que l’ex-leader rebelle ne joue un rôle militaire dans l’aggravation des violences actuelles.
Cette rencontre s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes à l’Est du pays, notamment avec l’accusation portée contre Lubanga par l’ONU de collaborer avec l’AFC-M23, un groupe armé soutenu par le Rwanda. Lubanga, condamné en 2012 pour crimes de guerre par la Cour pénale internationale (CPI), a été libéré en 2020, mais continue d’alimenter la crainte des autorités internationales. Le but des religieux était clair : rallier l’ex-chef rebelle à l’initiative pacifique qu’ils mènent et éviter qu’il ne contribue à l’escalade du conflit.
Le conflit dans l’Est de la RDC trouve ses racines dans des rivalités ethniques complexes et l’influence des puissances voisines, notamment le Rwanda et l’Ouganda. Thomas Lubanga a été l’un des responsables des massacres en Ituri dans les années 2000, lorsqu’il dirigeait l’Union des patriotes congolais (UPC). L’Ouganda et le Rwanda ont été des acteurs majeurs dans la guerre civile qui a dévasté cette région, rendant la situation particulièrement volatile aujourd’hui. Depuis sa libération, les autorités congolaises et internationales ont surveillé de près ses activités.
Les accusations contre Lubanga ne cessent d’être renforcées par de nouveaux rapports. En janvier 2025, un groupe d’experts des Nations Unies a révélé que Lubanga aurait joué un rôle clé dans le rapprochement entre le groupe armé Zaire et l’AFC-M23, facilitant le recrutement de combattants, dont des anciens de sa propre milice. Ces dynamiques inquiétantes ont alimenté les craintes des responsables religieux, qui tentent désormais d’empêcher une nouvelle escalade des violences.
Face à la gravité de la situation, les responsables religieux n’envisagent pas de se limiter à la seule Ouganda. Ils projetteront leurs efforts dans les semaines à venir sur d’autres médiations régionales, notamment en Angola, qui assure la présidence de l’Union africaine, au Zimbabwe, à la tête de la SADC, et au Burundi. Ces discussions pourraient offrir une lueur d’espoir pour une solution pacifique durable.
Les voix sur le terrain sont partagées. Tandis que certains soutiennent l’initiative religieuse, soulignant la nécessité de négociations pour éviter de nouvelles souffrances civiles, d’autres restent sceptiques quant à l’efficacité de ces pourparlers. Les civils, eux, sont souvent pris entre deux feux, victimes des affrontements entre groupes armés et des accusations de complicité portée contre certaines figures locales. Pour eux, la paix semble encore une utopie lointaine.
Il est clair que les solutions militaires seules ne suffiront pas à résoudre le conflit. Les responsables religieux de la Cenco et de l’ECC, en s’engageant dans ces discussions de paix, placent leurs espoirs dans un accord de compromis. Cependant, face à l’influence croissante des puissances régionales et aux antagonismes persistants, la route vers la paix demeure semée d’embûches.