L’ONU a exprimé de sérieuses préoccupations quant à l’exploitation minière dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), particulièrement dans les zones sous le contrôle du groupe rebelle M23. Lors de sa prise de parole devant le Conseil de sécurité le 30 septembre, Bintou Keita, cheffe de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), a pointé du doigt le contrôle accru du M23 sur les ressources naturelles, notamment la production de coltan dans les territoires de Masisi et Rutshuru.
Cette situation est d’autant plus alarmante que le coltan, un minerai stratégique utilisé dans la fabrication des composants électroniques, alimente en grande partie le conflit dans cette région déjà instable. Bintou Keita a souligné que le groupe armé, soutenu par le Rwanda, tire profit de l’exploitation de ces ressources pour financer ses activités, aggravant ainsi les tensions dans cette partie du pays. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fourni des détails supplémentaires, expliquant que la zone minière près de Rubaya est un point névralgique, représentant plus de 15% de l’offre mondiale de tantale.
Le M23, depuis son retour en force dans l’est de la RDC, a progressivement renforcé sa présence et son contrôle sur les ressources minières de la région. Le coltan, un minerai clé pour l’industrie mondiale, est extrait de manière illégale dans les zones sous influence rebelle, sans être inclus dans les statistiques officielles des exportations congolaises. Cette exploitation illégale permet au groupe armé de percevoir une taxe de près de 300 000 dollars par mois, argent utilisé pour financer ses opérations et renforcer son emprise sur la région.
La situation est d’autant plus complexe que le M23 n’opère pas seul dans cette exploitation. Selon un rapport des Nations unies publié en juin 2024, le groupe a noué une alliance de circonstance avec un autre groupe armé local, la PARECO-FF. Ensemble, ils supervisent l’extraction des minerais dans les sites de Rubaya et facilitent leur transport jusqu’à Mushaki, une zone devenue un centre de contrebande. Cette collaboration entre groupes armés contribue à un système parallèle d’exportation, alimentant le marché noir.
Pour stabiliser la situation, Antonio Guterres a insisté sur l’importance d’améliorer la gouvernance dans l’exploitation des ressources naturelles. La mise en place d’une transparence accrue et d’une traçabilité rigoureuse des minerais apparaît comme une solution essentielle pour empêcher les groupes armés de financer leurs activités grâce à ces ressources. Cependant, tant que ces mesures ne sont pas renforcées et mises en œuvre de manière efficace, l’est de la RDC continuera d’être pris au piège de l’exploitation minière illégale.
Enfin, le rapport de l’ONU souligne une hausse importante des exportations de coltan par le Rwanda en 2023, avec une augmentation de 50% par rapport à l’année précédente. Ce pic soudain d’exportations laisse entrevoir l’implication de minerais issus de la contrebande provenant des zones sous contrôle du M23. Cela met en lumière le rôle crucial du Rwanda dans cette crise, ainsi que la nécessité d’une coopération régionale plus étroite pour freiner le commerce illicite des ressources naturelles.
Face à cette situation alarmante, la communauté internationale, sous la houlette des Nations unies, se retrouve confrontée à la tâche complexe de résoudre un conflit miné par des intérêts économiques souterrains. Le contrôle des ressources minières par des groupes armés reste un des principaux obstacles à la paix durable dans cette région déchirée par les conflits.