Dans un contexte politique libyen particulièrement tendu, le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah a pris une initiative audacieuse : rétablir la monarchie en invitant l’émir Mohamed Reda Senoussi, petit-fils de l’émir détrôné par Mouammar Kadhafi, à revenir en Libye. Cette proposition, qui marque un tournant potentiel dans l’histoire du pays, soulève à la fois espoir et scepticisme.
L’émir Mohamed Reda Senoussi, résidant à Londres depuis 1988, prône le rétablissement de la Constitution de 1951 qui transformerait la Libye en royaume unifié, divisé en trois régions autonomes. Sa conviction repose sur l’idée que seul un retour à la monarchie pourrait pacifier et unifier le pays, divisé par des années de conflits et de désordres politiques.
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans une instabilité chronique, marquée par des luttes de pouvoir et des divisions internes. Les tentatives de transition démocratique ont été entravées par des tensions incessantes et des rivalités entre différentes factions. Dans ce contexte, la proposition de Dbeibah s’inscrit comme une réponse potentielle à ces années de chaos.
L’initiative de Dbeibah et de Senoussi, bien qu’elle offre une perspective de réconciliation et d’unité, suscite des interrogations. Certains experts suggèrent que Dbeibah cherche à travers ce mouvement à consolider sa position politique, notamment en bloquant les ambitions présidentielles de figures telles que le Maréchal Khalifa Haftar et Seif al-Islam Kadhafi. Par ailleurs, le soutien des Frères musulmans à cette démarche renforce le débat sur les réelles intentions et les possibles conséquences de cette restauration monarchique.
En déplaçant le Conseil présidentiel hors du palais Ahd, Dbeibah semble préparer le terrain pour l’arrivée de l’émir. Ce geste symbolique renforce l’idée d’une manœuvre politique, d’autant plus que des sources indiquent une influence jordanienne et qatarie dans cette décision. La complexité de la situation politique libyenne fait de cette initiative plus qu’une simple proposition constitutionnelle, mais un enjeu majeur de pouvoir et d’influence régionale.
La proposition de réinstaurer la monarchie en Libye par le Premier ministre Dbeibah, soutenue par l’émir Mohamed Reda Senoussi, ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire politique du pays. Toutefois, les motivations derrière cette initiative et son impact potentiel sur la stabilité et l’unité de la Libye restent sujets à de vifs débats. La complexité du contexte libyen et les intérêts géopolitiques en jeu rendent l’avenir incertain, et le monde observe avec attention l’évolution de cette situation.