Le 19ᵉ Sommet du Mouvement des non-alignés, qui se déroule actuellement en Ouganda, représente un moment significatif pour réfléchir sur l’évolution et la pertinence de cette organisation. Fondé en 1961, en pleine guerre froide, le Mouvement des non-alignés incarnait l’aspiration à une indépendance des États vis-à-vis des deux superpuissances de l’époque, l’Union Soviétique et les États-Unis.
Selon Priyal Singh, chercheur à l’Institut d’études de sécurité à Pretoria, le Mouvement a considérablement évolué depuis sa création. À l’origine, il s’agissait d’une réaction contre la division bipolaire du monde. Aujourd’hui, dans un contexte international multipolaire, le mouvement se distingue par une diversification des positions, notamment sur des questions comme le conflit en Ukraine, reflétant une indépendance et une variété d’opinions au sein des États membres.
Le Mouvement des non-alignés a été créé pour offrir une alternative aux alliances dominantes de la guerre froide. Pendant cette période, il a joué un rôle crucial dans la politique internationale, particulièrement sous la direction de leaders influents d’Afrique, d’Inde, et d’Indonésie. C’était un moment où les petits pays pouvaient se faire entendre sur la scène internationale grâce à une plateforme commune.
Aujourd’hui, dans un contexte de tensions croissantes entre grandes puissances comme les États-Unis, la Chine, la Russie, et l’Union européenne, le concept de non-alignement gagne à nouveau en intérêt. Des pays recherchent des alternatives aux dynamiques de pouvoir traditionnelles, prônant une approche plus multilatérale et indépendante.
Concernant la relation entre le Mouvement des non-alignés et des groupes émergents comme les BRICS, Singh souligne que ces derniers, bien qu’ayant une dynamique propre, ne menacent pas l’existence du Mouvement. Les BRICS, en représentant une opposition à la domination des États-Unis, diffèrent dans leurs objectifs des non-alignés, qui cherchent plutôt à évoluer en dehors des politiques de puissance des grandes nations.
Le sommet en Ouganda n’est pas seulement un rassemblement diplomatique, mais un symbole de la recherche continue d’une coopération indépendante face à la politique de la force des grandes puissances. Il marque un moment crucial pour le Mouvement des non-alignés, qui doit maintenant définir son rôle et sa pertinence dans un monde en constante évolution.