Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, est confronté à une interdiction de quitter le pays après qu’un procureur a saisi ses passeports libanais et français. Cette mesure a été prise dans le cadre de plusieurs enquêtes au Liban et en Europe concernant des allégations de biens mal acquis, notamment des détournements de fonds publics s’élevant à 330 millions de dollars.
Accusé de “détournement de fonds”, de “malversations financières” et de “blanchiment d’argent”, Riad Salamé a comparu devant un procureur à Beyrouth le 24 mai. Les charges retenues contre lui sont basées sur une notice rouge d’Interpol et un mandat d’arrêt émis par la justice française. Toutefois, le gouverneur de la Banque du Liban nie fermement ces accusations.
Suite à l’interdiction de quitter le territoire et à la confiscation de ses passeports, le procureur a également demandé à la justice française de lui transmettre le dossier de l’affaire. Si les accusations sont avérées, Riad Salamé sera jugé au Liban, car le pays ne livre pas ses ressortissants à d’autres pays.
Bien que les mesures prises à l’encontre du gouverneur semblent strictes, elles pourraient en réalité constituer une échappatoire pour Riad Salamé afin de ne pas répondre aux convocations de la justice française et du parquet allemand, qui ont également émis un mandat d’arrêt à son encontre le 23 mai.
Au Liban, il est largement supposé qu’il existe une collusion entre la justice et la classe politique qui protège Riad Salamé, d’autant plus que ce dernier a suggéré qu’il entraînerait dans sa chute des hommes politiques s’il était condamné. Cette affaire soulève ainsi des questions quant à l’indépendance de la justice libanaise et à la possibilité pour le gouverneur de se soustraire aux poursuites judiciaires en Europe.