Au Rwanda, des milliers de petits exploitants agricoles enregistrent des récoltes record grâce à l’introduction de semences résistantes au changement climatique. Appuyé par la Fédération internationale des semences (ISF) et l’ONG Fair Planet, ce projet lancé en 2023 a permis d’augmenter considérablement les rendements de légumes comme les tomates, les choux ou les poivrons. Dans certaines régions, la production de tomates a été multipliée par huit.
Initié en collaboration avec le ministère rwandais de l’Agriculture et des entreprises locales de semences, le Seed Resilience Project vise à améliorer l’accès à des semences adaptées aux nouvelles réalités climatiques. Fair Planet, qui coordonne les essais sur le terrain, affirme que plus de 60 variétés hybrides ont été testées, aboutissant à des récoltes parfois cinq fois supérieures aux variétés traditionnelles. En plus des gains de rendement, les agriculteurs reçoivent aussi une formation pour adopter de meilleures pratiques agricoles.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de vulnérabilité agricole face aux aléas climatiques en Afrique de l’Est. Au Rwanda, comme dans de nombreux pays du continent, l’agriculture repose encore en grande partie sur des semences non certifiées ou de qualité médiocre. Michael Keller, secrétaire général de l’ISF, souligne que l’absence de standards clairs et la circulation de semences contrefaites nuisent gravement à la productivité. Il plaide pour un meilleur encadrement et la mise en place d’un label de qualité.
Les succès observés au Rwanda rappellent les progrès déjà obtenus en Éthiopie, où 75 000 agriculteurs ont bénéficié d’initiatives similaires. Pour Alon Haberfeld de Fair Planet, l’objectif est désormais d’étendre le modèle à d’autres pays. La création d’un réseau de producteurs locaux, la mise en place de systèmes d’homologation et l’accès facilité à des semences certifiées constituent des priorités pour pérenniser ces résultats. Mais le chemin reste semé d’embûches : seulement 15 entreprises africaines appliquent des programmes de sélection fiables.
À l’Est du pays, Marceline Uwamahoro cultive désormais ses légumes avec confiance : « Grâce à ces nouvelles semences et à la formation, mes récoltes me permettent non seulement de nourrir ma famille, mais aussi d’épargner. » Elle a même souscrit une assurance pour ses cultures, un pas encore rare dans le monde rural rwandais. De son côté, Félix Bonake, producteur sous serre, affirme ne plus craindre la sécheresse. « Obtenir de bonnes semences était le plus grand défi. Aujourd’hui, elles sont disponibles localement », se réjouit-il.
Malgré les progrès, les défis restent considérables. « Cela prend du temps, confie Michael Keller. Il faut former, bâtir des réseaux solides, assurer la qualité et convaincre les agriculteurs des bénéfices des semences améliorées. » Le maraîchage, grâce à sa flexibilité saisonnière, est vu comme une des clés pour stabiliser les revenus. Mais sans investissements supplémentaires et volonté politique forte, la diffusion de ces semences restera marginale.