Le 17 juillet, le Sénat américain a adopté un premier vote favorable au maintien de 400 millions de dollars alloués au Pepfar, le programme phare de lutte contre le VIH à l’échelle mondiale. Cette décision, qui doit encore être confirmée par la Chambre des représentants, écarte provisoirement les menaces de coupes budgétaires voulues par l’administration Trump. Elle a été saluée lors de la Conférence internationale sur le sida (IAS), qui se tient actuellement, notamment pour son impact sur les pays d’Afrique subsaharienne.
Le Pepfar, lancé en 2003, a permis de fournir des traitements antirétroviraux à plus de 20 millions de personnes dans le monde, dont une part significative en Afrique. Au Rwanda, ce programme est un pilier de la stratégie nationale de lutte contre le VIH, avec des milliers de patients dépendant des financements américains pour accéder aux soins. En 2024, deux millions de personnes bénéficient également de traitements préventifs. Des activistes, comme la Sud-Africaine Yvette Raphael, rappellent l’importance du programme dans l’extension rapide de l’accès aux soins depuis les années 2000.
Malgré ce premier feu vert du Sénat, de nombreuses incertitudes demeurent. D’autres agences, telles que l’USAID, continuent de subir des suspensions ou des réductions budgétaires, et le Pepfar lui-même voit son champ d’action réduit, désormais centré sur la seule distribution des antirétroviraux. Les coupes touchent aussi les activités de recherche et de prévention. Ces limitations suscitent des critiques au sein de la communauté internationale du sida, qui appelle à un rétablissement complet du programme.
Kenneth Ngure, président élu de l’IAS, alerte sur la nécessité de réintégrer les populations à risque dans les programmes financés par le Pepfar. Actuellement, seules les femmes enceintes bénéficient d’un accès systématique aux traitements préventifs. Cette approche restreinte laisse de côté d’autres groupes vulnérables, pourtant essentiels à une lutte efficace contre la transmission du virus. En l’absence de réformes, les restrictions risquent de freiner les progrès réalisés ces deux dernières décennies.
Un récent rapport de l’Onusida tire la sonnette d’alarme : si les tendances actuelles se poursuivent, près de six millions de nouvelles infections au VIH pourraient survenir d’ici à 2029. La réduction des financements pour la prévention, les soins et la recherche risque de faire reculer les gains obtenus en matière de santé publique. Ce scénario serait particulièrement critique pour des pays comme le Rwanda, qui dépendent fortement de l’aide internationale pour maintenir leurs infrastructures de santé.