Dans son livre récemment publié aux éditions Max Milo, intitulé «Rwanda, assassins sans frontières», la journaliste britannique Michela Wrong, ayant travaillé pour Reuters et la BBC, nous plonge dans une enquête sans complaisance sur le président Paul Kagame et la vraie nature de son régime rwandais. Alors que le monde s’est ému de la libération de Paul Rusesabagina en mars 2023, le héros du film Hôtel Rwanda, l’autrice met en lumière un aspect méconnu du pouvoir de Kigali.
La campagne d’assassinats et d’intimidations des dissidents rwandais à l’étranger
Au cÅ“ur de l’ouvrage, Michela Wrong explore les assassinats de plusieurs dissidents rwandais ayant eu lieu en dehors des frontières du pays. Des personnalités telles que Seth Sendashonga au Kenya en mai 1998 et Patrick Karegeya en Afrique du Sud en janvier 2014 ont été visées. L’auteure établit une comparaison avec l’assassinat de Trotski sur ordre de Staline en 1940 à Mexico. Elle souligne que Paul Kagame partage une obsession similaire à celle de Staline envers un groupe d’anciens dirigeants du Front patriotique rwandais (FPR) qu’il a côtoyés depuis son enfance. Ces individus, qu’il considère comme des menaces pour son régime, le connaissent intimement, ce qui explique sa méfiance et son usage des anciens amis pour s’approcher d’eux et les éliminer.
L’identité connue des assassins rwandais et l’absence de poursuites judiciaires
L’enquête de Michela Wrong révèle un élément troublant concernant l’assassinat du dissident Patrick Karegeya en Afrique du Sud. Bien que la police sud-africaine ait parfaitement identifié les coupables, la justice du pays a fait le choix de ne pas les poursuivre, assumant ainsi ce renoncement. La raison de cette décision semble reposer sur des liens entre l’escadron de la mort et le gouvernement de Kigali, ce qui a entraîné une situation embarrassante pour les autorités sud-africaines.
La politique de Kagame face aux pressions internationales
Michela Wrong analyse également la politique de Paul Kagame face aux pressions internationales. Si le président rwandais se montre implacable et autoritaire, il reste également sensible à son image à l’étranger. La libération de Paul Rusesabagina, après des pressions de la Maison Blanche, du Département d’État et d’Hollywood, illustre la façon dont Kagame peut parfois changer de politique sous la pression de partenaires internationaux importants.
Une stratégie de survie politique à travers les conflits armés
Enfin, l’ouvrage soulève une observation pertinente sur la stratégie de survie politique du régime rwandais. Depuis le génocide des Tutsis en 1994, le FPR et Kagame ont montré une tendance à s’engager dans des conflits armés avec des ennemis identifiés, ce qui renforce leur image de force et de protection face à de supposées menaces constantes. Cela se traduit par un pouvoir répressif et autoritaire, empêchant tout débat ou critique à l’intérieur du pays.