Le président rwandais Paul Kagame a reçu ce 18 juin à Kigali l’ancien chef d’État nigérian Olusegun Obasanjo pour une rencontre centrée sur les enjeux politiques et sécuritaires de la région des Grands Lacs, ainsi que sur le rôle croissant de l’Afrique dans les affaires internationales. L’entretien s’est tenu au village d’Urugwiro, siège officiel de la présidence rwandaise.
Au cœur des échanges : les défis sécuritaires persistants en Afrique centrale et de l’Est, notamment en République démocratique du Congo, mais aussi la nécessité de renforcer les mécanismes de coopération entre États africains. Les deux hommes ont également abordé les mutations géopolitiques mondiales et l’importance pour le continent de s’affirmer comme acteur diplomatique de plein droit. L’entretien a souligné la convergence de vues sur la stabilisation des zones en crise et la promotion d’un développement économique endogène.
Cette visite s’inscrit dans une série d’initiatives portées par Olusegun Obasanjo, figure majeure de la diplomatie africaine depuis la fin de son mandat présidentiel en 2007. Médiateur dans plusieurs conflits (Éthiopie, Soudan du Sud, Mali), il poursuit une stratégie d’engagement direct avec les chefs d’État du continent, misant sur une approche africaine des solutions africaines. Pour Kigali, cette rencontre renforce aussi le positionnement du Rwanda comme plateforme diplomatique régionale.
Alors que la région demeure fragile, avec des tensions récurrentes entre la RDC et ses voisins, la rencontre Kagame–Obasanjo pourrait ouvrir la voie à un regain de concertation régionale. Obasanjo pourrait jouer un rôle de facilitateur auprès des dirigeants concernés, notamment en soutenant des mécanismes de dialogue inclusifs. L’idée d’un sommet sous-régional à l’initiative d’anciens chefs d’État a d’ailleurs été évoquée dans les cercles diplomatiques.
Ce tête-à-tête intervient alors que plusieurs pays africains, du Sahel à la Corne de l’Afrique, sont confrontés à des recompositions politiques et militaires. Dans ce paysage incertain, la diplomatie informelle, incarnée par des figures comme Obasanjo, apparaît comme un levier complémentaire aux canaux institutionnels souvent paralysés. Le choix du Rwanda pour cet échange n’est pas anodin : il traduit aussi la volonté de Kigali de s’affirmer comme un interlocuteur stratégique dans les équilibres africains.