Elle dénonce des systèmes alimentaires inappropriés reposant sur des approches productivistes, des avantages à court terme et la sous-traitance des coûts environnementaux.
L’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (Afsa) a organisé du 28 au 30 novembre 2022 à Yaoundé, la 4è Conférence biennale sur les systèmes alimentaires. Avec pour thème « Mobiliser les politiques et actions africaines pour des systèmes alimentaires sains », ces assises visaient à interpeller les citoyens et les gouvernements africains pour un changement de politique alimentaire et l’implémentation des mesures urgentes pour des systèmes alimentaires sains, nutritifs et inclusifs.
Entre autres reproches faits aux pouvoirs publics, l’Afsa relève que pour résoudre le problème des carences en micronutriments, la politique actuelle s’oriente vers la biofortification, qui consiste à intégrer des micronutriments dans les cultures de base par sélection ou biotechnologie. Cette approche est de plus en plus considérée comme une solution rentable qui rentable et salvatrice à la malnutrition et attire un financement considérable des agences de développement. Or, d’après l’Afsa, « cette solution technique s’attaque aux symptômes plutôt qu’à la cause sous-jacente. Elle ignore le rôle d’une alimentation saine composée de divers aliments contenant naturellement les micronutriments dont nous avons besoin. » Du coup, les problèmes liés au système alimentaire se succèdent. Il s’agit entre autres de la dénutrition, des zoonoses, du changement climatique, la dégradation de la biodiversité et de profonds changements alimentaires.
La dénutrition est une cause majeure de décès chez les enfants de moins de 5 ans, et une source de susceptibilité accrue aux maladies infectieuses ainsi qu’aux maladies non transmissibles (Mnt) à l’âge adulte. L’émaciation encore connue sous le nom de malnutrition aiguë présente un risque important de morbidité et de mortalité accrues chez les enfants. Le retard de croissance des enfants, le surpoids et l’obésité représentent des facteurs de risque importants et croissants en Afrique. Les zoonoses et autres maladies infectieuse pathogènes, les épidémies et les pandémies, telles que le Covid-19, et les stratégies adoptées pour réduire leur transmission peuvent aggraver considérablement l’insécurité alimentaire et la malnutrition en Afrique, même lorsqu’elle certaines d’entre elles ne sont pas transmises par les aliments ou leur emballage.
Diminution du rendement
Le changement climatique, l’agriculture, les systèmes alimentaires, les régimes alimentaires et la nutrition sont interconnectés. L’augmentation des températures, les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations, les cyclones, les incendies de forêt et la dégradation des sols ont un impact négatif sur l’agriculture, notamment par la diminution du rendement des cultures et de la productivité du bétail ainsi que par le déclin de la pêche, de l’aquaculture et de la production agroforestière dans les zones déjà vulnérables à l’insécurité alimentaire.
De profonds changements alimentaires, tant positifs que négatifs, se produisent en raison d’une variété de facteurs socio-économiques et environnementaux, notamment la migration vers les centres urbains, l’évolution des systèmes et des environnements alimentaires, l’augmentation du pouvoir d’achat et des préférences des nouveaux consommateurs, influencés entre autres par le niveau de connaissances nutritionnelles.
Si l’on s’en tient à l’Afsa, ces défis sont principalement liés aux politiques et à la gouvernance du système alimentaire. Des recherches menées dans 23 pays africains ont montré qu’il n’existe aucune politique alimentaire commune. « Au contraire nos systèmes alimentaires sont façonnés par divers cadres politiques », renseigne l’Afsa.
Thierry Christophe Yamb