Le président de la Commission de l’Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, et le président d’Interpol, Ahmed Naser Al-Raisi, ont réaffirmé leur volonté de resserrer les liens entre leurs institutions afin de lutter plus efficacement contre la criminalité transnationale. Cette déclaration conjointe a été faite ce jeudi, à l’issue d’une rencontre officielle au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba.
Lors de cet entretien, les deux dirigeants ont mis en avant l’importance de la coopération entre Interpol et les institutions de sécurité africaines. Mahmoud Ali Youssouf a salué le rôle clé d’Interpol dans la coordination internationale des forces de l’ordre et dans la lutte contre les réseaux criminels transfrontaliers. Il a également exprimé sa reconnaissance pour le soutien constant d’Interpol à Afripol, le mécanisme continental de coopération policière.
Cette rencontre s’inscrit dans une dynamique entamée depuis plusieurs années par l’Union africaine pour doter le continent de structures de sécurité solides et interconnectées. Afripol, créé en 2014 et opérationnel depuis 2017, constitue une réponse institutionnelle aux défis croissants posés par le terrorisme, le trafic d’êtres humains, la cybercriminalité et les réseaux criminels transnationaux. L’appui d’Interpol à cette structure vise à combler les lacunes en matière de renseignement, de formation et d’équipements.
Au-delà des déclarations, les deux parties entendent mettre en place des mécanismes concrets pour améliorer l’échange d’informations, le renforcement des capacités des forces de l’ordre africaines et la traque des criminels sur tout le continent. Cette coopération pourrait également déboucher sur des opérations conjointes et une meilleure intégration des bases de données d’Interpol au sein des dispositifs nationaux africains.
L’un des enjeux majeurs de ce partenariat reste la consolidation du rôle d’Afripol. Encore jeune, cette institution peine à s’imposer dans l’architecture sécuritaire africaine, souvent concurrencée par des initiatives bilatérales ou régionales. Le soutien d’Interpol, aussi bien technique que politique, pourrait contribuer à légitimer davantage Afripol auprès des États membres de l’Union africaine.
La réussite de cette coopération repose néanmoins sur plusieurs conditions : la volonté politique des États africains à partager leurs informations sensibles, le financement durable d’Afripol et la neutralité des actions menées par Interpol, souvent critiquée pour des dérives politiques dans certains cas. L’avenir dira si cette alliance est un tournant ou un énième vœu pieux dans la lutte contre l’insécurité sur le continent.