Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a signé un protocole d’accord de paix le 23 février 2025 à Bissau avec l’une des factions du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), après trois jours de négociations. Cet accord, qui a eu lieu sous la médiation du président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, marque une étape importante dans le processus de paix en Casamance, une région du Sénégal en proie à des conflits depuis plusieurs décennies.
L’accord signé prévoit la démobilisation des combattants du Front Sud du MFDC, dirigé par César Atoute Badiate, ainsi que leur réinsertion dans la société. De plus, il engage les autorités sénégalaises à organiser le retour des populations déplacées, souvent depuis plus de vingt ans. Bien que cet accord s’inscrive dans le cadre du Plan Diomaye lancé par le gouvernement en janvier 2025 pour favoriser le développement de la Casamance, les défis restent nombreux. En particulier, la mise en œuvre de ces engagements dépendra des financements et des conditions sécuritaires nécessaires, notamment le déminage des zones affectées par le conflit.
La Casamance est depuis 1982 le théâtre d’un conflit armé entre les autorités sénégalaises et le MFDC, un mouvement séparatiste qui revendique l’indépendance de cette région. L’accord de paix signé en 2022 sous l’administration du président Macky Sall n’avait pas permis d’instaurer une paix durable, et la situation était restée figée. Avec l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités sénégalaises, la paix en Casamance est devenue une priorité, mais les problèmes de division interne au sein du MFDC et de résistance de certaines factions, comme celle de Salif Sadio, compliquent encore le processus.
Cet accord pourrait marquer une avancée vers une paix plus durable, notamment grâce à l’engagement du gouvernement sénégalais de reprendre le contrôle du développement régional. Le retour des populations déplacées pourrait également redonner espoir à une région profondément marquée par le conflit. Toutefois, la concrétisation de ces promesses dépendra de l’efficacité du Plan Diomaye et des ressources financières allouées à ces projets. Les autorités devront aussi résoudre les tensions internes au MFDC et convaincre les factions récalcitrantes de participer à un dialogue pacifique.
Le succès de cet accord repose en grande partie sur la capacité des autorités sénégalaises à garantir la sécurité des zones déminées et à offrir une réinsertion effective des ex-combattants. Le financement des projets d’infrastructure et de réhabilitation dans la région sera également crucial. Selon Lamine Coly, membre de l’Initiative pour la Réunification des Ailes Politiques du MFDC, la présence du Premier ministre à Bissau montre que le gouvernement prend les choses au sérieux. Cependant, il faudra rester vigilant quant à la gestion des ressources nécessaires à la réalisation des objectifs de cet accord.
Si l’accord signé à Bissau représente une avancée pour la faction du Front Sud du MFDC, la situation au sein du Front Nord demeure problématique. En dépit du dépôt des armes par la faction de Diakaye en 2023, celle de Salif Sadio continue de rejeter toute négociation avec le gouvernement sénégalais, insistant sur la revendication d’indépendance de la Casamance. Cette division interne au MFDC demeure un obstacle majeur à une paix globale et durable dans la région.