Le Sénégal est plongé dans une période de grande tension suite à la condamnation d’Ousmane Sonko à une peine de deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». Depuis jeudi, Dakar et Ziguinchor sont le théâtre d’affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre, provoquant le décès de dix personnes. Les autorités ont réagi en déployant des militaires dans plusieurs secteurs de la capitale.
Des véhicules de l’armée et des militaires ont été positionnés vendredi 2 juin dans certains endroits de Dakar afin de sécuriser des sites jugés stratégiques, selon Maham Ka, le porte-parole du ministère de l’Intérieur. Ce déploiement vise à soutenir les forces de police et de gendarmerie dans leurs missions de maintien de l’ordre, et non à les remplacer. Les militaires se tiennent actuellement dans des lieux stratégiques en prévision de troubles éventuels. Maham Ka a souligné que toutes les précautions ont été prises pour garantir une gestion adéquate des manifestations.
Amnesty International exprime une profonde préoccupation face à la situation et dénonce l’utilisation disproportionnée de la force par les forces de l’ordre. L’organisation condamne également la décision des autorités sénégalaises de restreindre l’accès aux réseaux sociaux et à certains services de messagerie, justifiée par la prévention des appels à la violence et à la haine. Selon Amnesty International, l’utilisation excessive des armes à feu lors des manifestations dépasse toutes les limites, comme en témoignent les vidéos et témoignages circulant sur les réseaux sociaux. Seydi Gassama, directeur exécutif de la branche sénégalaise d’Amnesty, souligne que les autopsies réalisées ont confirmé que les personnes décédées ont été tuées par des balles réelles, contredisant ainsi les déclarations du ministre de l’Intérieur.
La détermination des partisans d’Ousmane Sonko et de nombreux Sénégalais est indéniable, selon Seydi Gassama. Les manifestations ne se limitent pas aux seuls membres du parti Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) ; ce sont des jeunes Sénégalais qui considèrent que le verdict rendu s’inscrit dans la continuité de la stratégie du président Macky Sall, visant à éliminer des candidats importants à l’élection présidentielle, comme cela a été le cas par le passé avec Karim Wade et Khalifa Sall, en utilisant le système judiciaire sénégalais.