Le 13 décembre, le préfet du département de Dakar a déchu Barthélémy Dias de son poste de maire, suite à sa condamnation définitive pour homicide dans une affaire datant de 2011. Cette décision fait suite à la perte de son siège de député quelques jours plus tôt, le 6 décembre, à cause de la même condamnation. Constatant ce qu’il appelle une « forfaiture », Barthélémy Dias et ses soutiens ont d’ores et déjà annoncé qu’ils entameront une longue procédure judiciaire pour récupérer son poste de maire de la capitale sénégalaise.
Les partisans de Barthélémy Dias ont annoncé que la première étape de cette bataille judiciaire se déroulera dès le lundi 16 décembre. Un groupe de conseillers municipaux, qui estiment que Dias occupe son poste légitimement, va voter une motion de soutien en sa faveur. Par ailleurs, son équipe juridique a l’intention de saisir la chambre administrative de la cour de cassation pour contester la décision du préfet et annuler sa radiation de la liste des conseillers municipaux, une décision intervenue après une plainte déposée par un citoyen dakarois.
Cette déchéance survient dans un contexte politique tendu au Sénégal, où Barthélémy Dias est perçu par certains comme un opposant de poids. La condamnation qui a conduit à sa déchéance remonte à 2011, lorsqu’il a été reconnu coupable de coups et blessures ayant entraîné la mort d’un homme. L’affaire a été relancée ces dernières années et a conduit à une décision de justice définitive. Cependant, ses partisans dénoncent ce qu’ils considèrent comme une manipulation politique visant à affaiblir l’opposition, notamment en réduisant le pouvoir de l’ex-maire.
La bataille judiciaire de Barthélémy Dias pourrait durer plusieurs mois, voire années. En fonction de l’évolution des recours, le processus pourrait avoir un impact majeur sur la politique sénégalaise, en particulier sur la relation entre les autorités et l’opposition. Si le tribunal accepte les arguments des avocats de Dias, cela pourrait marquer un précédent important dans le domaine de la déchéance des élus locaux, et remettre en question certaines pratiques administratives. D’un autre côté, une décision défavorable pourrait affaiblir l’opposition et offrir au gouvernement une victoire sur ce dossier sensible.
L’initiative de déchéance de Barthélémy Dias a suscité une réaction forte de la part de l’opposition, qui voit dans cette décision une tentative de museler un adversaire politique. Ancien proche d’Ousmane Sonko, l’actuel Premier ministre, il a également reçu le soutien de l’ex-Premier ministre Amadou Ba, qui dénonce une atteinte à la démocratie locale et à la volonté populaire. Ce soutien témoigne de la polarisation croissante du paysage politique sénégalais, où la question de la légitimité des institutions locales est de plus en plus débattue.
Ce conflit soulève des interrogations sur l’équilibre entre la justice et la politique au Sénégal. D’un côté, les partisans de l’opposition estiment qu’il s’agit d’une instrumentalisation de la justice pour éliminer un rival politique, de l’autre, le gouvernement défend la légalité de la décision. Quel que soit le verdict final, cette affaire met en lumière la fragilité des institutions locales et la tension permanente entre pouvoir central et autorités locales, un enjeu majeur dans la gouvernance sénégalaise actuelle.