Au Sénégal, la séparation entre Khalifa Sall et Barthélémy Dias marque la fin d’une alliance politique qui aura duré plus de dix ans. Khalifa Sall, ancien maire de Dakar et ancien ministre, ainsi que son successeur, Barthélémy Dias, ont annoncé la rupture de leur collaboration. Cette séparation, bien que survenue sans éclat, repose sur des divergences stratégiques profondes qui ont fragilisé leur union. À travers cette décision, chacun semble prendre un nouveau chemin politique distinct, après plusieurs mois de tensions croissantes.
Le point de rupture semble être lié à des choix stratégiques et à la gestion des élections législatives de novembre dernier. Barthélémy Dias a publiquement critiqué Khalifa Sall pour son manque de mobilisation, un reproche amplifié par les résultats décevants du scrutin, où la liste menée par Khalifa Sall n’a obtenu que trois sièges sur 165. Cette débâcle électorale a révélé de plus en plus d’incompatibilités entre les deux hommes, notamment sur l’orientation politique à suivre. Les bases respectives de leurs soutiens devenaient de plus en plus divergentes, rendant impossible une continuation harmonieuse de leur collaboration.
Cette rupture ne marque pas seulement la fin de leur association au sein de Taxawu Sénégal, mais aussi la conclusion d’un parcours politique débuté au sein du Parti Socialiste (PS), leur formation d’origine. En 2016, leur exclusion du PS avait déjà mis à mal leur relation avec le parti et lancé leur parcours parallèle. La séparation d’aujourd’hui met ainsi un terme à une décennie de luttes politiques communes, bien qu’elles aient été souvent marquées par des divergences sous-jacentes.
Pour Barthélémy Dias, cette séparation représente également un nouveau départ. En quittant Khalifa Sall, qu’il considère pourtant comme un mentor, il se lance dans une aventure politique individuelle, alors que l’opposition sénégalaise peine à se reconstruire face au pouvoir en place. Cette rupture pourrait offrir à Dias l’opportunité de se réinventer politiquement, tout en naviguant dans un paysage où la cohésion au sein de l’opposition est de plus en plus fragile.
Cette scission intervient dans un contexte de forte fragilité au sein de l’opposition sénégalaise, déjà éprouvée par des divisions internes. Avec un environnement politique marqué par la domination de l’Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel, et la difficulté croissante pour les partis d’opposition à trouver une voix unifiée, la rupture entre Sall et Dias risque d’ajouter une couche de complexité supplémentaire. L’opposition se trouve ainsi dans une phase de redéfinition, où les alliances et ruptures détermineront son avenir à l’approche des prochaines élections.
La décision de Barthélémy Dias de quitter Taxawu Sénégal laisse cette coalition dans une situation délicate. Bien que la séparation soit décrite comme un « divorce à l’amiable », les tensions persistantes pourraient entraver la solidité du groupe. Si la coalition perd de son poids avec le départ de l’un de ses membres les plus emblématiques, elle pourrait aussi voir émerger de nouvelles dynamiques, à mesure que d’autres figures politiques chercheront à remplir le vide laissé par cette séparation.