Le gouvernement sénégalais a publié mardi une première liste des médias autorisés à diffuser dans le pays. Sur les 380 médias qui avaient fait une demande, seulement 112 ont reçu l’autorisation, provoquant de fortes réactions au sein de la presse. Beaucoup pensent que les autorités veulent étouffer la presse indépendante et garder un meilleur contrôle sur l’information.
Cette première liste comprend 10 chaînes de télévision, 14 journaux, 17 radios, 10 radios communautaires, 6 Web TV, et 54 médias en ligne. Les médias qui n’ont pas été retenus ont jusqu’à vendredi pour se conformer aux règles du Code de la presse et redéposer leur dossier. Cependant, beaucoup de responsables des médias considèrent ces critères trop stricts, surtout comparé à l’année dernière où plus de 500 médias recevaient des aides publiques.
Depuis l’été dernier, le gouvernement affirme vouloir réguler le secteur des médias et rationaliser l’attribution des subventions publiques. Cette réforme vise à assurer une meilleure qualité de l’information et à limiter la prolifération de médias qui ne sont pas toujours fiables. Mais cette politique fait craindre à certains une atteinte à la liberté d’expression et une tentative de contrôler la presse.
Certains des médias exclus, comme la radio Zikfm et la chaîne Sen TV du groupe D Media, appartiennent à Bougane Gueye Dany, un opposant politique. Il accuse le gouvernement de vouloir faire taire son groupe avec des « manœuvres politiques » et d’« enfantillages ». Le journal Le Quotidien, dirigé par un autre opposant, Madiambal Diagne, n’a pas non plus été retenu, et son administrateur explique n’avoir reçu aucune explication officielle.
Pour Saliou Diagne, qui travaille pour Le Quotidien, cette sélection est une tentative de faire taire les médias critiques envers le gouvernement. Il estime que les critères de sélection ne sont pas clairs et sont plutôt utilisés pour écarter ceux qui posent trop de questions. Malgré cela, certains médias ont décidé de redéposer leur dossier dans l’espoir de pouvoir continuer à opérer.
Le gouvernement, de son côté, assure que ces nouvelles règles sont nécessaires pour organiser le secteur des médias, souvent accusé de manquer de professionnalisme. Leur objectif est d’éviter la propagation de fausses informations et d’assurer que les subventions sont utilisées de manière responsable. Mais beaucoup craignent que cette réforme ne soit en fait une façon de limiter la liberté de la presse au Sénégal.