À l’occasion de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 9), les présidents sénégalais Bassirou Diomaye Faye et mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani ont réaffirmé leur volonté de renforcer leur coopération. Cette rencontre a mis en avant deux axes majeurs de partenariat : l’accord révisé sur le séjour des ressortissants et le développement du projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), symbole d’une alliance stratégique entre Dakar et Nouakchott.
Signé en juin 2025 à Nouakchott, le nouvel accord relatif aux conditions d’entrée, de séjour et d’établissement modernise et remplace le texte de 1972. Il facilite les déplacements et séjours, réduit les frais de dossiers et supprime l’obligation de justifier des revenus lors des premières demandes. Une mission menée par le Secrétaire d’État aux Sénégalais de l’extérieur, Amadou Chérif Diouf, a permis d’en expliquer les modalités aux communautés établies en Mauritanie, tout en apportant un appui financier de 50 millions FCFA à 34 associations locales.
L’autre pilier de cette coopération repose sur le mégaprojet gazier Grand Tortue Ahmeyim, situé à la frontière maritime des deux pays. Développé par BP, Kosmos Energy, Petrosen et la Société mauritanienne des hydrocarbures, le site a commencé sa production en janvier 2025 et exporté sa première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) en avril. La première phase prévoit une capacité annuelle de 2,4 millions de tonnes de GNL, destinée aux marchés internationaux et nationaux.
Le projet GTA ne se limite pas à l’exportation. Il constitue un levier économique et social pour les deux pays, avec plus de 3 000 emplois créés depuis 2017 et l’implication de 300 entreprises locales. Un programme de formation a déjà permis de qualifier une première génération de techniciens destinés à opérer sur les installations offshore. Les discussions récentes à Dakar et Nouakchott ont porté sur l’accélération d’une deuxième phase, qui devrait renforcer davantage l’intégration énergétique régionale.
Au-delà des aspects économiques, la rencontre de Tokyo illustre une volonté politique claire de consolider les relations bilatérales. Sénégal et Mauritanie, liés par l’histoire et la géographie, entendent se présenter comme un modèle de coopération régionale dans un contexte marqué par l’instabilité au Sahel. La convergence autour de la mobilité et de l’énergie traduit une stratégie commune visant à sécuriser les relations frontalières, à stabiliser les échanges et à peser davantage sur la scène internationale.