Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et son homologue français Emmanuel Macron ont réaffirmé, lundi 1er juillet à Séville, leur volonté de bâtir une nouvelle dynamique de coopération entre leurs deux pays. En marge de la Conférence des Nations unies sur le financement du développement, les deux chefs d’État ont insisté sur la nécessité de refonder le partenariat franco-sénégalais autour de la souveraineté, du respect mutuel et des intérêts communs.
À l’issue de leur entretien, Faye a évoqué des échanges centrés sur la coopération bilatérale mais aussi sur des enjeux régionaux et internationaux. Emmanuel Macron a, pour sa part, précisé que cette relation repensée devait se traduire par une collaboration renforcée sur les plans économique, sécuritaire, culturel et mémoriel. Il a aussi salué l’engagement du Sénégal pour la stabilité régionale, soulignant l’importance d’un dialogue étroit dans un contexte international instable.
Cette rencontre intervient dans la continuité d’un dialogue entamé lors du Forum mondial sur la souveraineté vaccinale à Paris en juin 2024. Les deux dirigeants y avaient déjà posé les bases d’un partenariat “renouvelé”. Depuis mars 2025, la France a entamé un retrait progressif de ses troupes stationnées à Dakar, dans le cadre d’un accord bilatéral piloté par la commission conjointe franco-sénégalaise. Ce redéploiement militaire marque un tournant, aligné avec la volonté affichée par Dakar de reprendre le contrôle de ses politiques de défense.
Sur le plan économique, la France reste un acteur majeur dans le commerce sénégalais. En avril 2025, elle représentait 10,2 % des importations du pays, se positionnant comme son deuxième fournisseur. Les principaux produits échangés incluent le riz, le pétrole raffiné, les machines et certains métaux. Si le déficit commercial entre les deux pays s’est creusé à -56,4 milliards de FCFA, les exportations sénégalaises ont néanmoins progressé de 14,2 %, portées notamment par le pétrole brut, les produits halieutiques et le ciment.
Pour Faye, ce nouveau cap ne vise pas une rupture mais une redéfinition équilibrée du lien avec Paris. La coopération militaire évolue, mais les volets économiques et culturels sont appelés à se renforcer. Cette approche pragmatique, qui mise sur la souveraineté sans tourner le dos aux partenariats stratégiques, reflète la ligne de conduite qu’il souhaite imprimer à la diplomatie sénégalaise : s’ouvrir sans se soumettre.
En filigrane, la démarche engagée par Faye s’inscrit dans un mouvement plus large sur le continent, où plusieurs États revoient leurs relations avec les anciennes puissances coloniales. Si certains pays comme le Mali ou le Burkina Faso ont choisi la rupture nette, le Sénégal opte pour une transition maîtrisée. Reste à voir si cette posture hybride pourra préserver l’équilibre entre indépendance politique et coopération structurelle.