Dans un effort visant à résoudre l’impasse politique qui sévit en Sierra Leone depuis les élections contestées de juin dernier, des pourparlers délicats ont débuté le 16 octobre entre le gouvernement et l’opposition. Cette situation tendue menace la stabilité du pays, et les pourparlers sont placés sous l’égide de l’Union Africaine et de la Cédéao, suscitant une grande attente.
L’enjeu majeur de cette médiation est de réintégrer l’opposition dans la gouvernance du pays. Depuis quatre mois, le parti APC boycotte activement tous les conseils locaux et le Parlement, tout en contestant les résultats des élections présidentielles, les accusant d’être « truqués » en faveur du président Julius Maada Bio. À l’exception de deux députés dissidents qui ont pris leur siège au Parlement, le parti au pouvoir, SLPP, gouverne sans contrepoids, ce qui est une situation inédite depuis l’introduction du multipartisme en 1991.
La médiation est dirigée par l’ancienne vice-présidente gambienne, Fatoumata Jallow Tambajang, qui est arrivée à Freetown le 13 octobre. Elle a exprimé son enthousiasme quant à son rôle dans le processus de paix. Elle a rencontré le président Julius Maada Bio et son rival, Samura Kamara. Bien que les deux dirigeants ne soient pas présents aux pourparlers, ils seront représentés par leurs porte-parole.
Idriss Mahmadou Tarawallie, analyste politique, estime que le rôle des deux camps politiques est crucial. Les partisans du parti au pouvoir insistent sur leur victoire électorale et critiquent ceux qui contestent les résultats. De l’autre côté, l’opposition exige la publication des résultats définitifs, bureau de vote par bureau de vote, en prévision de nouvelles élections générales. Il incombe donc aux dirigeants de calmer leurs partisans, car le pays a besoin de raison, de cohésion et de paix.
En plus de la médiation politique, le pays fera face à la reprise du procès du chef de l’opposition, Samura Kamara, pour des accusations de corruption la semaine prochaine. Dans ce contexte tendu, la médiation jouera également un rôle essentiel dans la restauration de la confiance, en préparation de ce moment décisif pour la Sierra Leone.