La Maison Blanche a publié une vidéo montrant l’une de ses récentes frappes en Somalie, affirmant avoir éliminé dix membres du groupe islamiste Al-Shebab. Depuis le début du mandat de Donald Trump, plus de cent combattants djihadistes auraient été tués par les forces américaines, selon un bilan officiel. Washington affirme ainsi renforcer sa lutte contre le terrorisme dans la Corne de l’Afrique.
Selon l’Institut de recherche New America, l’Africom, le commandement militaire américain pour l’Afrique, a mené plus d’une trentaine de frappes en Somalie depuis l’arrivée au pouvoir de l’ex-président américain. Cette intensification s’est accompagnée d’un discours de fermeté : la vidéo publiée montre une patrouille de combattants suivie d’une explosion, sur fond de message menaçant : « On vous trouvera et l’on vous tuera ». L’opération aurait aussi visé des figures de premier plan, dont Abdul Qadir Mumin, leader de l’État islamique en Somalie.
Malgré ces annonces, les groupes armés restent actifs. Le 18 février, les shebabs ont tiré des obus de mortier sur Mogadiscio, rappelant la fragilité persistante de la sécurité dans la capitale. Pour les populations locales, ces frappes ne sont pas perçues comme des libérations, mais souvent comme des injustices, nourrissant la colère. C’est ce que souligne une étude du Centre pour les civils dans les conflits (CIVIC), qui alerte sur le sentiment d’abandon et de méfiance vis-à-vis des forces étrangères.
Les inquiétudes s’accroissent également face à l’émergence de nouveaux réseaux. Selon un rapport des Nations unies publié en février 2025, les shebabs auraient établi des liens avec les Houthis du Yémen, eux aussi sous pression militaire américaine. Des rencontres entre les deux groupes auraient eu lieu en juillet et septembre 2024, suggérant une possible coordination entre mouvements djihadistes de la région.
La stratégie américaine, essentiellement axée sur les frappes aériennes, ne semble pas en mesure de briser durablement les capacités des groupes armés. En l’absence d’un soutien politique et local plus large, les effets de ces interventions restent limités. Loin d’affaiblir les insurgés, elles risquent de renforcer leur enracinement en nourrissant le ressentiment des communautés rurales, souvent touchées de plein fouet.
Enfin, l’impact sur les civils reste largement documenté mais peu pris en compte dans les décisions stratégiques. Des ONG locales et internationales alertent régulièrement sur les pertes humaines et les traumatismes provoqués par ces frappes. Pour de nombreux Somaliens, la guerre contre le terrorisme semble se jouer loin de leurs priorités immédiates : l’accès à la sécurité, à l’eau, à la santé, et à une gouvernance crédible.
We haven’t forgotten the threat posed by Jihadis. 10 more were permanently removed from the battlefield in Somalia yesterday.
That brings the total to over 100 bloodthirsty terrorists killed since President Trump was sworn in.
WWFY/WWKY: We will find you, and we will kill you. pic.twitter.com/Hw0VlvmiaY
— The White House (@WhiteHouse) May 20, 2025