Le 13 décembre, les ministres des Affaires étrangères de la Cédéao se sont réunis à huis clos à Abuja pour préparer la conférence des chefs d’État de l’organisation ouest-africaine. À l’exception du Mali, du Burkina Faso et du Niger, ces pays sahéliens n’ont pas été représentés lors de cette rencontre cruciale, suscitant des interrogations sur leur avenir au sein de la Cédéao. Cette absence souligne la tension croissante entre ces États et l’organisation régionale, qui devra prochainement prendre des décisions importantes sur leur statut.
Les discussions des ministres se sont centrées sur plusieurs dossiers, dont la bonne gouvernance, l’intégration régionale et, surtout, la sécurité en Afrique de l’Ouest. La Cédéao cherche à mettre en place une force d’attente pour répondre aux menaces terroristes qui pèsent sur la région. Ces enjeux seront présentés aux chefs d’État lors du sommet de décembre, et la mise en œuvre d’initiatives concrètes dans ces domaines pourrait définir l’orientation future de l’organisation. Le président de la Commission de la Cédéao, Omar Alieu Touray, a d’ailleurs souligné les difficultés économiques actuelles, qui compliquent la tâche de l’organisation.
Le contexte de cette réunion est marqué par la crise politique et sécuritaire au Sahel, où le Mali, le Burkina Faso et le Niger, dirigés par des régimes militaires depuis 2020, ont vu leurs relations avec la Cédéao se détériorer. En juillet 2024, lors du sommet précédent, la Cédéao avait rouvert les portes de ses instances aux dirigeants de ces trois pays, mais cette réconciliation semble aujourd’hui mise à mal. La question du retrait de ces pays de l’organisation est plus que jamais au centre des préoccupations, alors que des tensions subsistent autour de leur adhésion à la Cédéao.
Les perspectives de la Cédéao sont désormais incertaines. Un des points les plus attendus du sommet à venir est la décision sur la prorogation du délai de retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de l’organisation. Les parlementaires de la Cédéao estiment que cette prorogation pourrait être essentielle pour éviter une désintégration de la Communauté, mais la position de ces trois pays, qui restent fermes sur leur décision de quitter la Cédéao, pourrait rendre cette décision encore plus complexe.
Bassirou Diomaye Faye, envoyé spécial du Président sénégalais pour maintenir le dialogue avec les autorités militaires des trois pays, devrait jouer un rôle clé lors du sommet. Son rapport de médiation, qui sera soumis aux chefs d’État, pourrait apporter des éléments de clarification sur la position des pays concernés et sur les possibilités de renouer un dialogue constructif. La Cédéao se trouve donc face à un dilemme : tenter de préserver l’unité de l’organisation ou accepter un retrait qui pourrait affaiblir sa cohésion.
Cette situation met également en lumière les tensions internes au sein de la Cédéao et les défis que l’organisation doit relever pour maintenir son influence dans une région en proie à des crises multiples. Le retour à la stabilité au Sahel semble de plus en plus incertain, et les décisions prises lors de ce sommet de décembre détermineront si la Cédéao pourra jouer un rôle de médiateur efficace ou si elle se retrouvera fragmentée, au moment où la sécurité régionale est plus que jamais en jeu.