Le premier sommet du G20 organisé sur le sol africain s’est conclu à Johannesburg, dimanche 23 novembre, sur une note de succès diplomatique pour l’hôte sud-africain. Malgré un boycott américain qui planait sur les négociations, Cyril Ramaphosa a réussi à faire adopter une déclaration commune dès l’ouverture du sommet, déjouant les pronostics les plus pessimistes et affirmant la capacité du forum à fonctionner en dépit de l’absence d’une puissance majeure.
Ce succès repose sur une manœuvre tactique. La présidence sud-africaine a choisi de présenter et de diffuser la déclaration finale de 30 pages dès le premier jour, rompant avec la tradition qui veut que ce texte soit publié à la clôture. Cette initiative visait à démontrer rapidement que le consensus était possible sans les États-Unis. Le document, bien que vague sur de nombreux points, aborde des thèmes chers au continent, comme la paix mondiale, la résilience climatique, la lutte contre les inégalités et l’allègement du fardeau de la dette.
Ce sommet s’inscrivait dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, marqué par la montée des unilatéralismes et un protectionnisme croissant. Il clôturait également un cycle de quatre années consécutives de présidence du G20 assurée par le Sud global, après l’Indonésie, l’Inde et le Brésil. Pour l’Afrique du Sud, ce fut l’occasion d’affirmer son leadership et sa fidélité à une ligne multilatérale, face aux pressions américaines, sans pour autant tomber dans l’escalade verbale.
Les perspectives pour le G20 restent nébuleuses. Les États-Unis prennent désormais la présidence du forum, mais la clôture du sommet de Johannesburg s’est faite sans cérémonie de passation de pouvoir, un geste symbolique de défiance de Pretoria envers l’absence de délégation américaine de haut niveau. La Maison Blanche a évoqué une « réorganisation » pour « revenir à l’essentiel », laissant planer le doute sur l’avenir et la forme du prochain sommet.
Derrière l’affichage du succès sud-africain, des voix autorisées ont exprimé une inquiétude profonde quant à la pertinence du forum. Le président français Emmanuel Macron a pointé du doigt la difficulté croissante à régler les crises internationales autour de cette table, évoquant « la fin d’un cycle » et un « G20 en crise ». Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a abondé dans ce sens, reconnaissant que « le chemin à venir sera difficile ».
Le Premier ministre chinois, Li Qiang, a pour sa part dressé un constat sévère, dénonçant l’omniprésence de « l’unilatéralisme et du protectionnisme ». Ces déclarations contrastent fortement avec l’optimisme affiché par Cyril Ramaphosa. Elles révèlent un forum miné par des intérêts nationaux contradictoires et peinant à maintenir sa raison d’être dans un paysage géopolitique fracturé. Le pari sud-africain était de sauver les apparences ; l’avenir dira si le G20 peut encore être sauvé.



