Le sommet Italie-Afrique, qui s’ouvre ce dimanche soir à Rome, marque une étape cruciale pour la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni. Ce rendez-vous de haute envergure, accueillant divers chefs d’État africains ainsi que des représentants européens, offre à Meloni une plateforme médiatique majeure, notamment à l’approche des élections européennes.
Contrairement au traditionnel “plan Mattei”, le projet africain de Meloni vise à établir un partenariat équilibré et mutuellement bénéfique entre l’Italie et l’Afrique. Elle entend s’éloigner des approches paternalistes et prédatrices pour favoriser des relations d’égal à égal, reflétant une nouvelle dynamique dans la politique étrangère italienne.
Depuis son accession au Palazzo Chigi, Meloni a multiplié les visites en Afrique, signe de son activisme diplomatique. Ces voyages, de la Tunisie au Congo, visent à diversifier les sources d’énergie de l’Italie, notamment en réaction à la baisse des importations de gaz russe. Parallèlement, elle cherche à raffermir sa position politique en matière de gestion des migrations, notamment en vue des prochaines élections européennes.
L’initiative de Meloni pourrait se traduire par d’importants investissements dans les pays africains, visant à atténuer les causes profondes de l’immigration illégale. L’idée d’établir des hotspots en Afrique fait également partie de son agenda. Cette stratégie révèle une double ambition : renforcer la sécurité énergétique de l’Italie et modérer les flux migratoires en Méditerranée.
Bien que les détails financiers du plan Mattei restent vagues, la presse italienne évoque une enveloppe de 4 milliards d’euros sur quatre ans. Une structure de coordination sous l’égide du Palazzo Chigi est envisagée pour février. Toutefois, le succès de ce plan dépendra en grande partie du soutien de l’Union européenne, souligné par la présence de figures européennes clés au sommet.
L’opposition de centre-gauche italienne, menée par Alessandro Alfieri, critique le plan Mattei comme étant une “boîte vide”, manquant de contenus clairs. Ils redoutent une utilisation du plan comme moyen de retenir les migrants en Afrique plutôt que de développer une coopération mutuellement avantageuse. De plus, ils soulignent la nécessité d’impliquer d’autres pays européens pour éviter les influences néocoloniales de la Russie et de la Chine.
Alors que Giorgia Meloni doit encore préciser les détails de son plan lors de la conférence au Sénat, les experts restent prudents. Uoldelul Chelati Dirar, professeur à l’Université de Macerata, pointe vers l’importance des engagements financiers et la réelle mise en œuvre des aides. Il souligne également la nécessité de prioriser les besoins énergétiques de l’Afrique face à ceux de l’Europe. La participation de plus d’une vingtaine de dignitaires africains à Rome témoigne de l’intérêt porté à ce nouveau partenariat, mais aussi des attentes diverses et complexes qu’il suscite.