L’Union africaine (UA) a fermement rejeté la formation d’un gouvernement parallèle par les Forces de soutien rapide (FSR) et leurs alliés, dans le cadre de la guerre civile qui déchire le Soudan depuis près de deux ans. Lors de sa réunion du 11 mars à Addis-Abeba, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a exprimé son opposition à cette initiative, soulignant que la mise en place de ce gouvernement risquait d’aggraver la fragmentation du pays, déjà dévasté par le conflit. L’organisation panafricaine a aussi exhorté ses membres et la communauté internationale à ne pas reconnaître ou soutenir ce nouveau pouvoir.
Les Forces de soutien rapide, dirigées par Mohamed Hamdan Dagalo, ont annoncé, avec leurs alliés, la création d’un gouvernement parallèle à Nairobi. Ce dernier, présenté comme un « gouvernement de paix et d’unité », a pour objectif de gérer les affaires du pays en dehors du cadre officiel du gouvernement soudanais. Cependant, cette initiative survient dans un contexte de guerre civile qui dure depuis avril 2023, un conflit qui a fait plus de 24.000 morts et contraint plus de 14 millions de personnes à fuir leurs foyers, selon les Nations unies. L’UA considère ce gouvernement parallèle comme une menace à l’intégrité territoriale et à la souveraineté du Soudan.
Le Soudan est plongé dans une guerre civile depuis que les tensions entre les FSR et l’armée soudanaise ont dégénéré en combats ouverts. Depuis le renversement d’Omar el-Béchir en 2019 et la période de transition qui s’en est suivie, le pays est en proie à une instabilité chronique. Le coup d’État militaire d’octobre 2021 a exacerbé la situation, conduisant à une militarisation accrue du pays. Depuis avril 2023, les combats entre les FSR et l’armée ont pris une ampleur tragique, déstabilisant davantage le pays et réduisant les chances d’une transition pacifique vers la démocratie.
Face à cette situation alarmante, l’Union africaine a réaffirmé son engagement envers la souveraineté du Soudan et a insisté sur la nécessité de négociations pacifiques. L’organisation appelle à un dialogue inclusif entre les différentes parties prenantes, afin de trouver une solution politique au conflit. L’UA met également en garde contre l’escalade de la violence et la fragmentation du pays, qui pourrait compromettre toute tentative de stabilisation à long terme.
Les perspectives pour le Soudan restent incertaines. Les appels à la paix de la communauté internationale, bien qu’importants, n’ont jusqu’ici pas permis de stopper les affrontements sur le terrain. La formation d’un gouvernement parallèle par les FSR pourrait accélérer la désintégration du pays, rendant d’autant plus complexe toute tentative de réconciliation. Les analystes redoutent que le Soudan devienne un État failli, où les autorités centrales seraient incapables de maintenir l’ordre et de garantir la sécurité.
Sur le terrain, les témoignages des civils fuyant les zones de conflit témoignent de l’ampleur de la crise humanitaire. Les réfugiés, qui traversent les frontières pour se rendre dans les pays voisins, font face à des conditions de vie précaires dans des camps de fortune. L’ONU et les ONG redoublent d’efforts pour fournir une aide d’urgence, mais les obstacles logistiques et la violence persistante rendent l’intervention difficile. Les observateurs avertissent que, sans un accord politique véritablement inclusif, la situation pourrait se prolonger indéfiniment, aggravant les souffrances humaines et retardant la stabilisation du pays.