Abou Mohammed al-Jolani, chef du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition de rebelles islamistes dans une attaque rapide qui a renversé le régime de Bachar el-Assad en seulement douze jours. Cette victoire militaire a bouleversé l’histoire récente de la Syrie et ouvre une période incertaine pour le pays. Autrefois proche d’al-Qaïda, Jolani se présente maintenant comme un leader plus modéré, promettant une transition qui inclut toutes les communautés.
Jolani était connu pour son engagement envers l’idéologie jihadiste. Cependant, il essaie aujourd’hui de changer cette image. Il a troqué sa tenue traditionnelle contre un costume ou un uniforme militaire et demande à être appelé par son vrai nom, Ahmed Hussein al-Charaa. Lors d’une interview avec CNN, il a affirmé vouloir être une alternative politique sérieuse et a déclaré que les rebelles avaient le droit d’utiliser tous les moyens pour renverser le régime Assad.
Né à Deraa et ayant grandi à Damas dans une famille aisée, Jolani s’est radicalisé pendant son adolescence, influencé par des événements comme la deuxième Intifada et les attentats du 11-Septembre. Il a rejoint al-Qaïda en Irak avant de revenir en Syrie pour fonder le Front al-Nosra, qui deviendra plus tard HTS. En 2016, il a coupé officiellement ses liens avec al-Qaïda pour améliorer sa position sur la scène internationale.
Depuis qu’il a pris Alep, Jolani affirme vouloir rassurer les minorités religieuses comme les druzes, chrétiens et alaouites. Il promet un système légal qui garantit les droits de tous, contrairement au régime Assad accusé de sectarisme. Dans les zones contrôlées par HTS, des services publics ont été mis en place, une tentative de montrer un modèle différent de gouvernance.
Malgré ses efforts pour paraître modéré, certains experts doutent de ses intentions. Ils pensent qu’il cherche avant tout à gagner en légitimité sur la scène internationale et à se présenter comme un futur homme d’État. Fabrice Balanche, spécialiste du Moyen-Orient, rappelle que Jolani a imposé un régime strict à Idleb, éliminant ses opposants.
Même si Jolani semble avoir pris ses distances avec al-Qaïda, beaucoup se demandent s’il est sincère. Sa capacité à organiser une transition pacifique et ouverte reste à démontrer, alors que la Syrie traverse une période d’incertitude politique. Les prochains mois révéleront si son changement est réel ou simplement une stratégie pour atteindre ses objectifs.