Le dépôt officiel de la candidature de Succès Masra à l’élection présidentielle par son parti, Les Transformateurs, auprès du Conseil constitutionnel. Succès Masra, anciennement reconnu comme opposant et récemment nommé Premier ministre, fait ainsi un pas audacieux dans l’arène politique nationale.
Cependant, cette démarche n’a pas manqué de susciter une vague de critiques au sein de l’opposition, en particulier parmi ceux qui furent ses compagnons de lutte. Les griefs à son encontre sont multiples : certains lui reprochent d’avoir accepté une amnistie pour les responsables des massacres du 20 octobre 2022, d’autres pointent du doigt sa responsabilité dans la crise sociale exacerbée par l’augmentation des prix du carburant. Plus grave encore, son silence ou sa réaction jugée insuffisante après la mort de l’opposant Yaya Dillo, tué lors d’un assaut militaire, lui est vivement reproché.
Ces accusations prennent racine dans un contexte politique tchadien déjà complexe. La mort de l’opposant Yaya Dillo et l’augmentation des prix du carburant ne sont que les symptômes les plus récents d’une crise plus profonde, marquée par des tensions entre le pouvoir en place et les différentes forces d’opposition. L’acceptation de l’amnistie par Masra, suivie de sa nomination comme Premier ministre, a été perçue par beaucoup comme un acte de trahison envers les principes de l’opposition.
L’avenir politique de Succès Masra et de sa candidature est désormais l’objet de spéculations. Selon Max Kemkoye, président de l’UDP et figure de l’opposition, cette candidature serait le résultat d’un accord avec le pouvoir en place, visant à assurer la survie politique de Masra. Ce dernier chercherait à maintenir sa position de Premier ministre en investissant dans les prochaines législatives pour y gagner plus de sièges. Pour Kemkoye, la démarche de Masra ne représente qu’une “farce électorale”, destinée à accompagner le pouvoir actuel plutôt qu’à véritablement servir l’opposition.
Les réactions ne se sont pas fait attendre, tant du côté des anciens alliés que des observateurs de la scène politique tchadienne. La candidature de Masra, loin d’être unanimement soutenue, soulève des questions sur la sincérité de son engagement envers l’opposition et sur les véritables motivations derrière sa décision. Les critiques, en qualifiant sa candidature de “postiche” et de “témoignage”, mettent en lumière les doutes persistants quant à l’authenticité de sa démarche.
Alors que le scrutin présidentiel approche, la candidature de Succès Masra reste un sujet brûlant, illustrant les fractures au sein de l’opposition tchadienne. Les mois à venir seront décisifs pour évaluer l’impact de cette candidature sur l’équilibre politique du pays. Entre stratégies de survie politique et aspirations démocratiques, le chemin vers l’élection s’annonce semé d’embûches, tant pour Masra que pour l’ensemble du paysage politique tchadien.