Après avoir promis de ne plus porter l’uniforme suite à son élection présidentielle en mai dernier, Mahamat Idriss Déby a repris le commandement militaire après une attaque violente de Boko Haram contre l’armée tchadienne le 27 octobre. Cette décision a provoqué des discussions, mais le président a expliqué le 7 novembre que c’était son devoir d’être aux côtés de ses soldats sur le terrain.
En tant que chef suprême des armées et responsable de la sécurité nationale, Mahamat Idriss Déby pense qu’il est essentiel de diriger personnellement l’opération militaire « Haskanite ». Sa présence sur le terrain lui permet de comprendre la situation et de prendre les meilleures décisions. Lors de son interview, il a également rassuré la population, affirmant que la mort est inévitable et qu’il est prêt à remplir son devoir pour le bien du peuple tchadien.
Selon Vincent Foucher, chercheur au CNRS et spécialiste de Boko Haram, la décision de Mahamat Idriss Déby fait écho à celle de son père, Idriss Déby Itno, qui avait réagi de la même manière lors d’une attaque massive de Boko Haram en 2020 à Bohama, où plus d’une centaine de soldats tchadiens avaient été tués. Comme le régime tchadien repose principalement sur l’armée, il est crucial pour Mahamat Idriss Déby de montrer sa force face à une menace de cette ampleur pour conserver son autorité et sa légitimité.
Le président tchadien a déclaré que son but était d’« anéantir » Boko Haram, mais cela semble difficile à réaliser sans le soutien des pays voisins. Le Tchad a lancé cette opération de manière unilatérale, ce qui complique la lutte contre les djihadistes, qui profitent des frontières mal surveillées pour se replier dans les pays voisins.
En reprenant la direction des opérations militaires, Mahamat Idriss Déby cherche également à renforcer sa légitimité, notamment auprès de l’armée, qui est le pilier de son pouvoir. Selon Vincent Foucher, montrer son courage et sa présence est nécessaire pour maintenir l’unité des forces militaires tchadiennes et asseoir son autorité. Le régime ne peut survivre qu’avec un leadership militaire fort et actif.
Les chances de succès de l’opération « Haskanite » sont incertaines, car la lutte contre Boko Haram ne dépend pas uniquement de la force militaire, mais aussi de la coopération et de la stabilité dans la région. Sans le soutien des autres pays de la région, la position du Tchad reste fragile. Seul l’avenir dira si cette initiative solitaire suffira à contenir ou éliminer la menace djihadiste.