Le 7 mars 2025, Haroun Kabadi a été élu par acclamation président du premier Sénat de l’histoire du Tchad, un événement marquant dans la politique du pays. Ce choix a été entériné par les 69 sénateurs fraîchement élus ou désignés par le président Mahamat Idriss Déby. Cette élection place Kabadi en deuxième position dans la hiérarchie politique tchadienne, avec des responsabilités qui pourraient se révéler cruciales en cas de vacance du pouvoir.
Haroun Kabadi, figure incontournable du paysage politique tchadien, a consacré sa carrière au service de la famille Déby et du Mouvement patriotique du salut (MPS), parti au pouvoir depuis plus de 30 ans. Ancien président de l’Assemblée nationale et du Conseil national de transition, il a également occupé des postes clés tels que Premier ministre, ministre et conseiller à la présidence. Selon Djimtibaye Lapia, son ancien directeur de cabinet, Kabadi est un homme d’une « grande expérience » et a su naviguer à travers les arcanes du pouvoir tchadien tout au long de sa carrière.
L’élection de Kabadi survient dans un contexte de transition politique, marqué par la mort en 2021 du président Idriss Déby, qui a laissé place à un gouvernement dirigé par son fils, Mahamat Idriss Déby. Le pays est dans une phase de réorganisation politique après des décennies de pouvoir familial et d’instabilité militaire. L’Assemblée nationale et désormais le Sénat sont des institutions cruciales pour le système de gouvernance instauré par la famille Déby, dont les politiques sont souvent perçues comme autoritaires.
L’élection de Kabadi n’est pas qu’une simple formalité : en tant que président du Sénat, il prend une position stratégique en cas de vacance du pouvoir, selon la Constitution tchadienne. Si le président de la République venait à disparaître ou à être incapable de remplir ses fonctions, c’est au président du Sénat d’assurer l’intérim, un rôle de taille dans un pays où la stabilité du pouvoir central reste fragile. Kabadi pourrait ainsi jouer un rôle clé dans la préservation de l’ordre politique au Tchad.
Originaire de la province du Moyen-Chari, Haroun Kabadi s’est fait un nom en tant que soutien loyal à la famille Déby, notamment lorsqu’il a proposé de faire élever Mahamat Idriss Déby et son père au rang de maréchal après la mort de ce dernier. Ce geste symbolique, ainsi que son refus de prendre le pouvoir après la disparition du président Déby père, a marqué son engagement à soutenir la transition en cours, permettant ainsi au pouvoir de se maintenir dans un contexte fragile.
L’ascension de Kabadi à la présidence du Sénat soulève des interrogations sur l’évolution de la transition tchadienne. Si cette nomination confirme la continuité du régime Déby, elle pourrait également signifier un renforcement du contrôle politique des institutions par la famille Déby. Le pays semble ainsi engagé dans une politique de stabilité à travers les institutions tout en devant faire face à des défis majeurs, notamment sur le plan de la réconciliation nationale et des réformes démocratiques.