Le journaliste tchadien Olivier Monodji, directeur de publication du journal Le Pays et correspondant de RFI, a été reconnu non coupable ce 8 juillet par le tribunal de grande instance de Ndjamena. Incarcéré depuis le 5 mars, il était poursuivi, avec cinq autres co-accusés, pour « intelligence avec des agents d’une puissance étrangère », en l’occurrence la Russie. L’ensemble des prévenus a été libéré au bénéfice du doute, faute de preuves jugées suffisantes.
Après une longue attente, la décision est tombée peu après 17h. Le président du tribunal a prononcé l’acquittement des six accusés présents. Le ministère public avait pourtant requis deux ans de prison ferme contre Olivier Monodji, arguant de liens supposés avec la Russie. Mais les juges ont estimé que les éléments fournis n’étaient pas de nature à établir leur culpabilité. L’absence de preuves tangibles a conduit à une relaxe générale.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte où les relations entre les autorités tchadiennes et les médias indépendants sont souvent tendues. Depuis plusieurs années, les journalistes travaillant sur des sujets sensibles sont régulièrement inquiétés par les forces de sécurité. L’accusation d’« intelligence avec une puissance étrangère » – en l’occurrence la Russie, très active diplomatiquement en Afrique – a été perçue comme un signal inquiétant pour la liberté de la presse au Tchad.
La libération de Monodji suscite un soulagement, mais aussi des appels à la réforme. Pour Me Alain Ndiliam, avocat de la défense, cette détention injustifiée souligne les dérives possibles du système judiciaire lorsqu’il est utilisé pour intimider la presse. « Le doute ne devrait pas exister dans ce dossier. Mon client est innocent, et nous irons en appel pour l’affirmer sans ambiguïté », a-t-il affirmé. Son équipe entend obtenir une reconnaissance claire de la non-culpabilité.
À l’issue du verdict, Olivier Monodji a retrouvé son épouse en larmes. « Ces quatre mois ont été très difficiles », a confié Remadji Betolngar. Le secrétaire général de l’Union des journalistes tchadiens, Serge Manassé Nontingar, a salué la décision, tout en dénonçant une stratégie d’intimidation récurrente envers la presse. « Il faut que cela cesse. On ne peut pas emprisonner des journalistes sans fondement », a-t-il déclaré.
Monodji a été libéré dans la soirée du 8 juillet, après une dernière formalité à la maison d’arrêt de Klessoum. Mais son incarcération soulève de nombreuses questions. « Ce dossier montre qu’au Tchad, un journaliste peut être privé de liberté sur la base d’accusations infondées », déplore Me Ndiliam. Pour les défenseurs de la liberté d’informer, cette affaire ne saurait être close : elle doit marquer le début d’une réflexion nationale sur les garanties accordées aux médias.