Les autorités congolaises accusent le Rwanda de soutenir la rébellion du M23, active dans la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC. La RDC vient de prendre des mesures conservatoires contre le Rwanda en interdisant sa compagnie aérienne nationale d’opérer sur le territoire congolais.
La tension monte entre Kinshasa et Kigali. Selon une source gouvernementale, les autorités de la RDC pourraient convoquer ce samedi 28 mai, l’ambassadeur rwandais à Kinshasa. La compagnie aérienne rwandaise a désormais l’interdiction d’opérer sur le territoire congolais. L’annonce a été faite cette nuit par Kinshasa par Patrick Mouyaya, le porte-parole du gouvernement congolais.
« Les effets militaires retrouvés sur place, les images détenues par nos forces armées, ainsi que les témoignages recueillis auprès de nos populations, démontrent à suffisance que le M23 est soutenu par l’armée rwandaise, a-t-il assuré. (…) En conséquence, le Conseil supérieur de la Défense tire les conclusions ci-après. 1- Le M23 est considéré comme un mouvement terroriste. Il sera désormais traité comme tel et, de ce fait, il est exclu du processus des discussions de Nairobi. 2- Une mise en garde est faite au gouvernement rwandais dont l’attitude est de nature à perturber le processus de paix qui arrive pratiquement à son terme. 3- Comme mesure conservatoire, il a été décidé la suspension immédiate des vols de la compagnie d’aviation Rwandair à destination de la République démocratique du Congo. 4- Il a été également décidé de la convocation de l’ambassadeur du Rwanda accréditant de la République démocratique du Congo pour lui notifier la désapprobation totale du gouvernement congolais. »
En réaction, la compagnie Rwandair a annoncé l’annulation de tous ses vols à destination de trois grandes villes congolaises : Kinshasa, Goma et Lubumbashi.
Un drame sécuritaire et humanitaire
De son côté, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) s’inquiète de la dégradation sécuritaire dans l’Est de la RDC. Les affrontements entre armée congolaise et M23 se sont étendus, cette semaine, au territoire de Nyiragongo, voisin de Rutshuru, théâtre habituel des combats avec le groupe rebelle, un drame sécuritaire et humanitaire dénoncé par l’Abbé Nsholé, secrétaire général et porte-parole de la Cenco.
« C’est vraiment la désolation. Depuis un certain nombre d’années, rien n’évolue malgré toutes les dispositions prises. Nous sommes surpris que ces affrontements surviennent juste ces quelques semaines après les assises de Nairobi. Il y a lieu de se poser la question sur la sincérité de tous ceux qui ont participé à ces assises, se questionne-t-il. (…) C’est un drame humanitaire qui ne peut pas nous laisser indifférents. C’est pour cela que les abbés demandent à tous les Congolais d’être vigilants, de dénoncer toutes les personnes qui auront été identifiées comme une menace pour la paix au Congo et que les autorités prennent leurs responsabilités ainsi que la communauté internationale ».
Le FCC rejette entretemps, sur le gouvernement, la responsabilité des affrontements entre l’armée et le M23. A l’issue d’une réunion élargie des instances politiques de cette plateforme, la famille politique de l’ancien président Joseph Kabila affirme que le pouvoir actuel à la tête du pays n’a pas su gérer les accords conclus, en 2014, entre le gouvernement et la rébellion du M23. Le FCC se dit néanmoins solidaire avec l’armée et demande à la population de soutenir les militaires.