Le Gabon a procédé à une opération de placement privé visant à refinancer 318 millions de dollars d’un eurobond arrivant à échéance en juin 2025. Cette opération, conclue dans des conditions de marché particulièrement exigeantes, intervient comme une réponse cruciale à la pression financière pesant sur le pays.
Pour attirer des investisseurs spécialisés dans la dette des pays émergents, le gouvernement gabonais a dû céder à un rendement de 12,7 %, bien au-delà des 9,5 % initialement prévus. Si le montant cible de 570 millions de dollars n’a pas été totalement atteint, l’offre retenue s’élève à 520 millions de dollars, générant ainsi un excédent en devises d’environ 202 millions de dollars.
Ce refinancement s’inscrit dans un contexte marqué par la faiblesse des réserves de change de la CEMAC, souvent inférieure à trois mois d’importations, et par la récente mutation politique au Gabon. Jadis, dans un climat de confiance, le pays avait obtenu des conditions bien plus avantageuses, tandis que la situation actuelle témoigne d’un resserrement brutal des exigences du marché.
Les autorités gabonaises, en concertation avec le Fonds monétaire international, envisagent la mise en place de programmes de soutien pour redresser la conjoncture économique. Toutefois, avec l’élection présidentielle prévue le 12 avril 2025, les délais pour concrétiser ces mesures restent incertains, décalant ainsi le remboursement effectif de l’eurobond à une échéance lointaine.
Au-delà des enjeux nationaux, cette opération représente une avancée significative pour la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. La réunion de ses dirigeants en décembre 2024, orchestrée avec l’appui du FMI, a permis de dégager une dynamique positive face à une situation de réserves en devises alarmante, offrant ainsi une marge de manœuvre indispensable pour la région.
Enfin, cette opération est également un test pour le régime en place, dirigé par le général Brice Oligui Nguema depuis août 2023. Alors que ses ambitions de transformation peinent encore à se matérialiser, le refinancement de l’eurobond illustre la complexité de concilier gestion de la dette et relance économique dans un contexte de transition politique et de défis régionaux persistants.