Le jeudi 17 juillet, les Togolais étaient appelés à renouveler leurs conseils municipaux dans les 117 communes du pays. Ce scrutin, troisième du genre dans l’histoire du Togo et premier de l’ère dite de la « nouvelle République », s’est déroulé dans le calme, mais sans grande participation. Dans un contexte sociopolitique tendu, marqué par des appels à manifester, les électeurs ont largement boudé les urnes.
Dans plusieurs quartiers de Lomé, comme Agoè, Bè, Kélégougan ou Tokoin, les bureaux de vote sont restés presque vides tout au long de la journée, selon des témoins sur place. À Adakpamé, théâtre d’affrontements récents entre manifestants et forces de l’ordre, des « ambassadeurs de paix » en gilets jaunes ont tenté d’apaiser les tensions. Ce climat de méfiance trouve son origine dans des violences survenues en juin, après l’internement controversé du rappeur Aamron, qui ont coûté la vie à au moins cinq personnes.
Face aux risques de troubles, les autorités togolaises avaient renforcé les dispositifs sécuritaires dès la veille du scrutin. Les frontières terrestres ont été fermées et la journée du vote déclarée fériée. La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a justifié ces mesures par la nécessité de « garantir la sécurité des élections », en réponse aux appels à manifester lancés par le mouvement citoyen M66. Ce collectif accuse le pouvoir d’avoir verrouillé les institutions après la réforme constitutionnelle de mai, qui a renforcé les prérogatives du président Faure Gnassingbé.
Pour de nombreux électeurs, ces élections municipales restent encore marginales dans le paysage politique togolais. Le dernier scrutin local en 2019 avait vu le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR), rafler 60 % des sièges. Avant cela, il fallait remonter à 1987 pour retrouver des élections de ce type, preuve du faible enracinement de la démocratie locale. Le faible taux de participation semble ainsi refléter à la fois un désintérêt populaire et une défiance vis-à-vis du processus électoral.
La Céni n’a pas encore annoncé la date de publication des résultats. Cette absence de calendrier officiel entretient le flou sur les suites du scrutin. Les opposants et une partie de la société civile craignent que l’administration électorale joue la montre pour désamorcer les critiques et apaiser les tensions. Dans ce climat de crispation institutionnelle, le silence prolongé pourrait alimenter davantage le scepticisme des électeurs.