Le président français Emmanuel Macron entame ce jeudi une tournée diplomatique en Afrique qui le mènera successivement à l’île Maurice, en Afrique du Sud, au Gabon et en Angola. L’Élysée présente cette série de visites comme une volonté d’impulser de “nouvelles dynamiques” avec le continent, poursuivant le virage entamé depuis le discours de Ouagadougou en 2017.
Cette tournée vise à concrétiser une relation bilatérale renouvelée, que l’exécutif français souhaite affranchir de l’héritage post-colonial souvent qualifié de “Françafrique”. Chaque étape a un agenda spécifique : renforcement de la coopération sécuritaire dans l’océan Indien depuis Maurice, participation au sommet du G20 et lancement d’un conseil d’affaires en Afrique du Sud, soutien aux nouvelles autorités gabonaises issues d’une transition post-coup d’État, et enfin participation à un sommet UE-UA en Angola pour promouvoir les investissements européens.
Ce déplacement s’inscrit dans un contexte de recomposition profonde des influences en Afrique, où la France voit sa position historique contestée par de nouveaux acteurs comme la Russie, la Chine ou la Turquie. La perception d’une certaine ambiguïté française, entre la volonté affichée de rupture et la persistance de réseaux d’influence traditionnels, continue d’alimenter une défiance dans plusieurs capitales africaines. La stratégie française tente de se réinventer face à une jeunesse africaine de plus en plus critique.
Les perspectives de cette tournée seront jugées à l’aune des résultats concrets qu’elle pourra générer. L’enjeu pour Paris est de transformer les déclarations d’intention en partenariats tangibles, notamment dans les domaines économique et sécuritaire. Le succès de l’initiative “Global Gateway” de l’UE, qui sera au cœur du sommet en Angola, constitue un test crucial pour la capacité européenne à proposer une alternative crédible aux offres chinoises ou russes.
La visite au Gabon, quelques mois seulement après le coup d’État qui a renversé Ali Bongo, est particulièrement scrutée. Elle est interprétée par certains observateurs comme une forme de validation des nouvelles autorités par Paris, suscitant des interrogations sur la cohérence du discours français en matière de gouvernance et de démocratie. Cette étape illustre les compromis pragmatiques auxquels la diplomatie française doit consentir face à des réalités politiques complexes.
Parallèlement, le lancement du conseil d’affaires franco-sud-africain témoigne de la priorité économique donnée à cette nouvelle relation. Ce modèle, déjà expérimenté au Nigeria, vise à dynamiser les investissements croisés et à créer des partenariats structurants dans des secteurs clés comme l’énergie, les infrastructures ou les technologies numériques.
Au-delà des annonces bilatérales, cette tournée représente un test de crédibilité pour la nouvelle doctrine africaine de l’Élysée. Sa capacité à incarner une relation d’égal à égal, respectueuse des souverainetés et mutuellement bénéfique, sera déterminante pour l’influence future de la France dans une Afrique en pleine transformation géopolitique.



